lundi 3 novembre 2014

William Forsythe et le Semperoper Ballett au Théâtre de la Ville

C'est l'automne, les journées raccourcissent, l'été tire sa révérence et les arbres s'habillent d'ocre... Voilà pour le cliché. L'automne, c'est aussi le Festival du même nom, le Festival d'Automne, pour ceux qui ne suivraient pas. Et dans le cadre du festival, un portrait est consacré à William Forsythe à travers pas moins de six spectacles. Le temps, l'argent et autres considérations totalement terre-à-terre ne permettront, ô tristesse, pas de pouvoir assister à ces six spectacles. Un, c'est quand même dejà pas mal, surtout vue la claque que je me suis prise. Il s'agissait du programme Steptext / Neue Suite / In the Middle, Somewhat Elevated par le Semperoper Ballett de Dresde.

Pour la petite anecdote, la première fois que j'ai vu une chorégraphie de William Forsythe, c'était en 1996, avec Firstext et Enemy in the Figure. En réalité, je n'avais vu que Firstext car j'était partie à l'entracte, étant restée hermétique à ce qui se passait sur scène... Presque vingt après, je ne comprends pas pourquoi et je m'en flagelle encore ! En effet, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, puisqu'un gros paquet de spectacles de Forsythe plus tard, son travail me subjugue à chaque fois.

Les chorégraphies sont intemporelles, elles renouvellent le langage de la danse pour en faire ressortir tout ce qu'il a de plus moderne. C'est du contemporain sur pointes. Le lien entre classique et contemporain est d'ailleurs pile-poil le sujet de la deuxième chorégraphie, Neue Suite, qui enchaîne huit duos, chacun constituant un chaînon dans l'évolution de la danse et de la musique. On commence avec du Haendel et des entrechats et on termine sur la musique Thom Willems avec des contorsions et des balancés secs et géométriques. Le résultat en est que l'on passe de la moue boudeuse des déjà-vus sur les parties classiques à la langue pendante d'admiration en  l'espace de huit tableaux.

Cette chorégraphie fait aussi la transition entre les trois qui sont présentées ce soir là. Steptext révèle la modernité de Bach avec un quatuor, trois hommes en noir et une femme en rouge, qui déstructure danse et la musique par la occasion en n'hésitant pas interrompre les suites de Bach par des silences soudains. Ca s'arrête, ça redémarre et ça crée un manque. Les gestes sont d'une précision chirurgicale, les mouvement fluides et contorsionnés à la fois.

La dernière chorégraphie, In the Middle, Somewhat Elevated montre du pur Forsythe. C'est magistral, à couper le souffle tellement c'est beau. La musique de Thom Willems, n'est, il faut l'avouer, pas ce que l'on trouve de plus harmonieux, pas franchement le genre à écouter dans son salon. Mais les mouvements de danse la rendent belle. Difficile d'imaginer d'autre support. Les neuf danseurs se croisent, interagissent, enchaînent les solos et les mouvements de groupes dans une chorégraphie coupée au scalpel. Une fin de programme toute en beauté, une démonstration de génie.

Ce programme n'aura été présenté que trois soirs et uniquement au Théâtre de la Ville, toutefois le Festival d'Automne programme cinq autres spectacles consacrés à Forsythe d'ici au mois de janvier 2015 : http://www.festival-automne.com/programme/portrait-william-forsythe.

Semperoper Ballett de Dresde
William Forsythe
du 28 au 30 octobre 2014

Steptext
Chorégraphie : William Forsythe
Musique : Johann Sebastian Bach
Pièce pour quatre danseurs
1985

Neue Suite
Chorégraphie : William Forsythe
Musique : Georg Friedrich Haendel, Luciano Berio, Gavin Bryars, Thom Willems, Johann Sébastian Bach
Pièce pour 18 danseurs
2012

In the Middle, Somewhat Elevated
Choregraphie : William Forsythe
Musique : Thom Willems
Pièce pour 9 danseurs
1987 


vendredi 31 octobre 2014

Le cinéma français se porte bien : Les Combattants, Hippocrate, Bande de Filles

Je profite de Bandes de Filles pour faire un petit flash-back (ou analepse pour satisfaire les amateurs de langue française et surtout de Grec ancien) sur quelques sorties de films qui font souffler un vent de renouvellement sur le 7è art français. Laissons de côté Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, que je n'ai pas vu pour faute de vilain préjugé tenant à la certitude qu'il s'agissait du cinéma de papa, pour s'intéresser à des films plus modestes mais, tel que je le pressens, plus innovateurs.
Les Combattants, le plus musclé


Arnaud, apprenti menuisier au sein de l’entreprise familiale reprise par son frère aîné, s'entiche de Madeleine, la fille brute de décoffrage de clients de l'entreprise. Madeleine, diplômée en macroéconomie a balayé d'un revers de la main tous ses diplômes pour se concentrer sur un objectif plus ambitieux : être préparée pour la fin du monde. Elle part donc pour un stage de préparation militaire chez les para, embarquant un Arnaud transi d'amour dans son paquetage.


Une jolie comédie pas nunuche et très bien écrite. Les dialogues décalés provoquent de francs éclats de rires dans la salle, et ce sans jamais être grossiers. On a beau être chez les para, on ne tombe pas dans le comique troupier. C'est d'ailleurs assez appréciable dans cette comédie, d'y trouver la finesse de ne pas sombrer dans la caricature de l'armée. Au contraire, le film n'adopte aucune posture sur le rôle ou l'organisation de l'armée, il se contente d'y filmer l'inadaptation de ses personnages. J'ai, pour ma part, apprécié la petite leçon sur comment porter un coup pour que ça fasse mal... Pratique...


L'atout du film, ce sont ses personnages et surtout, le personne féminin, sévèrement burné, comme dirait Nanard. Adèle Haenel, avec ses épaule de nageuse, son corps encombrant et son air patibulaire le campe avec brio. Ce n'est pas simple pour Kevin Azaïs de faire le pendant de ce rouleau compresseur. Pourtant, il aurait pu être fadasse, mais il est touchant et apporte une douceur qui rééquilibre le film. Ils ont un charme fou ces deux, on s'engagerait presque.


S'il y a un bémol à marquer, je dirait que les réalisateurs n'ont pas vraiment trouvé comment bien terminer leur film, le rythme s'essouffle un peu à la fin. Rien de grave toutefois, ça ne suffit pas à effacer tout le très bon travail qui a précédé.


Les Combattants
Réalisation : Thomas Cailley
Avec : Adèle Haenel, Kévin Azaïs
1h38


Hippocrate, le plus moribond


La fin du monde, si on ne la trouve pas dans Les Combattants, on la trouve dans Hippocrate, c'est l'APHP. Benjamin, jeune interne pétri d'ambition et d'arrogance arrive dans le service de son père et est rapidement confronté à un monde hospitalier qu'on ne trouve pas dans les livres de fac. Il doit composer avec les gardes interminables, les susceptibilités de chacun et surtout le manque de moyens. Il est épaulé, dans cette galère par Abdel, un interne étranger bien plus expérimenté.


Si on a échappé au comique troupier dans Les Combattants, on n'échappe pas, ici, à l'humour de salle de garde. Bienvenue au pays des décorations de murs de chiottes, des ambiances faluches et des chansons paillardes. Ce n'est heureusement pas le ton du film, mais on ne peut décemment pas parler études de médecine sans aborder le côté bite-couilles-nichons. Hippocrate n'est ni une pub pour l'hôpital, ni une pub pour les étudiants en médecine ! Encore heureux que ce soit une comédie, parce que vu le sujet, traité autrement, ça aurait été sacrément plombant.


Rien à voir avec l'hôpital rutilant de Grey's anatomy ou de Dr House, qui a d'ailleurs son petit hommage dans le film, là, on est dans le royaume du glauque. C'est gris, c'est moche, pas franchement clean,  et en plus, c'est en manque de moyens. Et au milieu de tout cela, le personnel fait ce qu'il peut pour traiter les patients pour lesquels les choix médicaux dépendent plus de considérations comptables que médicales. "Allez Mamie, on va tout faire pour que tu remarches, comme ça on pourra se débarrasser de toit dans un autre service !". Sûr que le serment d'Hippocrate en prend un coup. Et le pire dans tout cela, c'est que ça ressemble quand même fichtrement à la réalité... Et c'est comme ça qu'on renouvelle la comédie ! Eh bien oui ! Les côtés les plus sordides de la réalité servent ici décors à un traitement léger de l'apprentissage de son métier par un jeune interne pétris d'ambition et de certitudes et à qui on foutrait des claques, mais qui, ouf, revient par la suite un peu sur terre.


Ce jeune interne, Benjamin, c'est Vincent Lacoste, le boutonneux des beaux gosses. Il est très bien dans son rôle de benêt qui peut quand même décider de vous filer de la morphine ou non. Mais celui qui ravit la vedette, c'est Reda Kateb, en interne étranger, en réalité, médecin mais réduit à l'internat pour passer ses équivalence. Il est doux, compatissant, réaliste et professionnel. Moi patient, c'est lui que je choisis comme médecin !


Hippocrate
Réalisation : Thomas Lilti
Avec : Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt
1h42

Bande de Filles, le plus désespéré


Marieme, 16 ans, jeune fille issue des "quartiers prioritaires de la politique de la ville" comme l'on dit sobrement, cherche une échappatoire entre son échec scolaire, son frère tyrannique et l'ambiance grise du quartier. Elle la trouve en rejoignant un groupe de filles affranchies qui ne cherchent qu'à profiter de leur jeunesse.


Quel est l'avenir et quel est le quotidien d'une gamine black des cités aujourd'hui ? Eh bien peu de chose, en vérité. Un film sur pas grand chose peut-il donner quelque chose ? La réponse est oui. Le film n'est pas un chef d'œuvre, il souffre de quelques longueurs, mais une peinture bien vue de la vie des filles des quartiers. Pas d'éclat dramatique, pas de grandiloquence mais juste un constat d'échec social.


Le quotidien de ces petites "caillera" n'est pas bien glop. Entre zoner sur des escaliers au milieu d'une cité minérale, où il n'y a rien à faire sauf s'ennuyer comme un rat mort, aller se balader dans les magasins des centres commerciaux des Halles ou de la Défense, passer une soirée enfermée dans une chambre d'hôtel à danser sur du Rihanna, et de temps en temps une petite baston contre les filles de la cité voisine... Il n'y pas vraiment de quoi s'épanouir. Ce vide, c'est ce qui remplit le film. Elles sont coincées par la morale dictée par la citée. En dehors de l'école, il n'est de salut que dans la prostitution ou le mariage. Mère ou pute, il suffit de choisir. Mais la fille de rêve habillée et maquillée comme une star comme dans les clips de Rihanna, il vaut mieux en faire le deuil rapidement...


Marieme qui rêve d'amusement et d'indépendance cherche pendant tout le film à trouver la brèche par laquelle s'engouffrer mais est constamment ramenée vers les murs de sa cité. Les étapes de sa quête sont illustrées par ses changements de look : nattes longues / sweat-shirt, cheveux lisses / jean slim, nattes courtes / fringues Carhartt. Mais féminine ou pas, mère ou pute, pas d'autre choix.


Les quatre actrices, non professionnelles, sont très bien dans leurs personnages, mais en même temps, elles ne font que jouer leur rôle. On a de temps en temps envie de leur filer des baffes pour leur faire ouvrir les yeux  tant elles sont aveuglées par leur désir de n'en faire qu'à leur tête. En même temps, elle n'ont tellement pas grand chose qu'on peut bien leur laisser le plaisir de faire suer le monde.


Bande de Filles
Rélisation : Céline Sciamma
Avec : Kadidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamoh, Marietou Touré
1h52

lundi 27 octobre 2014

Rain, la pluie magique d'Anne-Teresa de Keersmaeker au Palais Garnier

 Rain, avec un titre comme cela, on pourrait s'attendre aux deux qualificatifs souvent associés à la pluie : triste et chiant. Ce n'est, bien entendu, ni l'un, ni l'autre, ce que je savais avant de m'installer sur ma chaise puisque je l'avais déjà vu au Théâtre de la Ville il y a un nombre d'années déjà trop indécent pour être mentionné.

Rain, c'est comme une pluie d'été, un bon gros orage sous lequel on se précipite après une forte chaleur pour la sensation de libération que cela procure. Dans un décors simple, un arc de cercle fait de cordes verticales et sur une musique hypnotique de Steve Reich, Musique pour dix-huit musiciens (dont pas moins de quatre pianos), datant de  1976, la chorégraphie de Keersmaeker est pleine fraicheur et de dynamisme. Pendant plus d'une heure, les dix danseurs courent sur la scène, sautent, se portent, se retrouvent et se quittent. Je n'imagine pas l'état dans lequel il finissent à la fin du spectacle. Ils sont quasiment toujours sur scène, c'est à la limite de la performance surhumaine. Une petite pensée aussi pour les joueurs de xylophone qui pendant plus d'une heure jouent les mêmes notes sans s'arrêter, ils doivent avoir des bras Kruppstahl...

La précision des mouvements est millimétrique. Les ensembles se font et se défont. Les duos et les trios se forment au milieu de la troupe qui évolue autour, parfois pour former soudainement un ensemble coordonné avant de se disperser en courant tout aussi soudainement. Ça virevolte, ça sautille, ça lance les bras et les jambes, ça fiche une grosse claque de bonheur.

Les costumes sont signés Dries Van Noten. Simples et beaux, ils sont un élément dynamique de la mise en scène puisque qu'il évoluent par touches de rose, vieux ou électrique, au fur et à mesure que la chorégraphie se déroule.

Le tout offre un spectacle hypnotique qui nous tient de la première à la dernière seconde.


Rain
Chorégraphie : Anne-Térésa de Keersmaeker (2001)
Musique : Steve Reich, Musique for eighteen musicians (1976)
Décors et lumières : Jan Versweyveld
Costumes : Dries Van Noten

Opéra de Paris
Palais Garnier
du 21 octobre au 7 novembre 2014
1h10
10 à 121 €



dimanche 12 octobre 2014

Niki de Saint Phalle au Grand Palais

L'exposition Niki de Saint-Phalle est typiquement le genre d'exposition qui remplit les salles d'exposition de visiteurs. J'avais d'ailleurs pris soin de réserver mon billet à l'avance, m'imaginant le Grand Palais pris d’assaut. Même pas... Certes, il y avait quelque file d'attente, mais rien en comparaison de la folie que peuvent provoquer certaines grandes expositions comme Hopper l’année dernière. Pourtant, il y aurait plusieurs raison d'emballer les foules. Niki de Saint-Phalle s'exprimait de maniere plutot ludique et joyeuse et son feminisme est pile dans l'air du temps.

Tout au long du parcours, des photos de Niki de Saint Phalle, Niki pour Catherine Marie-Agnès, (pas facile à porter dans la vie de tous les jours) sont exposées en grand à coté de ses œuvres. C'est curieux de voir le visage de petite fille aux grands yeux a la Audrey Hepburn à coté de ses créations totalement déjantées. Elle était quand même complètement barrée la dame, et ça détonne un chouïa avec le physique de petite fille BSTR.

Les œuvres du début sont sans grand intérêt. Elle prend un peu de Jasper Johns, un peu de Jackson Pollock, les verse dans le saladier et remue bien avec la cuiller en bois pour donner des œuvres à mi-chemin entre les deux. Il est manifeste qu'elle se cherchait encore. Si elle était restée sur ce créneau, elle ne serait certainement pas parvenu à son niveau de célébrité. On y trouve toutefois un thème qui demeurera tout au long de sa vie et qui marie violence et jeu. Elle casse des jouets, elle embellit la mort et la disgrâce, elle explose les canons de la beauté occidentale.

Les nanas, les premières sculptures de grosses femmes en laine et en carton, apparaissent assez tôt dans la carrière de Saint Phalle et on se sent plus en terrain connu qu'auparavant. Les nanas, c'est un hit artistique, l’équivalent du bulldog de Julien Marinetti d'aujourd'hui, la sculpture qui garantit de trouver son public, qui se décline à l'envi et qui fait chauffer le tiroir-caisse. Avec ses couleurs et ses rondeurs, bien plus facile a habiller un intérieur qu'un Innocent X de Bacon. Alors, forcement, le filon sera exploite longtemps. Petite aparté, l'un des intérêts de cette expo est d'ailleurs la façon dont elle a exploité les liens entre art et société de consommation pour financer ses projets, comme le Jardin des Tarots en Toscane. Plus qu'une artiste, c'est un chef d'entreprise avec un modèle économique d'exploitation de ses talents.

Ce qui est amusant avec les nanas, c'est que Saint Phalle les utilise pour sous-tendre une idéologie féministe. Elles font penser aux Venus préhistoriques callipyges, ce qui, a priori, n’était pas une représentation libératrice de la femme mais plutôt qui la confortait dans l'image de pondeuse de mouflets. Avec Saint Phalle, justement, ces postérieurs généreux symbolisent l'affranchissement des canons de la beauté de l’époque. Cela résonne singulièrement avec le passe de mannequin de l'artiste. Les nanas reprennent ainsi le pouvoir, elles sont surdimensionnées pour en imposer aux hommes. De même, la fonction procréatrice de la femme est décomplexée pour être la quintessence de la création portée à son sommet, les hommes ne pouvant y prétendre. Certaines étaient gigantesques et exposées en extérieur, pour que tous puissent y avoir accès. C'est le cas de Hon, exposée en Suède et dans laquelle les visiteurs pouvaient pénétrer (le mot est méticuleusement choisi...).

La femme est portée aux nues par les nanas, mais elle en prend pour son grade avec les mères dévorantes. Les principes et les procédés sont les mêmes mais les sujets sont plus grinçants, moins joyeux et au final moins flatteurs pour les femmes. Les rondeurs sont tout de suite beaucoup moins avantageuses, bonjour les seins en gants de toilette et les culottes de cheval. 

L'exposition se termine sur l'autre objet de la célébrité de Niki de Saint Phalle, le tir à la carabine. Un nouveau moyen de lier jeu et violence et une utilisation subtile des médias par l'art. Le principe consistait à tirer à la carabine sur des tableaux ou des objets remplis de sachets de peinture et recouverts de plâtre blanc, le tout devant une camera. La création par la destruction. Le résultat est une œuvre unique dictée par le hasard, impossible a imiter, mais en toute honnêteté, au-delà du cote fun du tir, ce résultat en lui-même est quand même d'un intérêt limité. Elle a développée ce procédé en tirant sur des tableaux représentant la guerre ou les églises (je suis surprise que les gugusses de la manif pour tous ne se mettent pas a faire un sitting devant le Grand Palais). Elle aurait aussi pu en faire un avec Richard Clayderman, elle aurait pu tirer sur le pianiste...

Je me suis bien amusée, j'ai lu toutes les lettres dessinées étalées sur les murs, ai pris des couleurs plein les mirettes, mais bon... L'impression générale est qu’au-delà des aspects ludiques et provocateurs, j'ai eu du mal a y trouver de la profondeur.

Grand Palais
17 septembre 2014 - 2 février 2015
Tous les jours sauf le mardi
10h00 - 22h00 (20h00 les dimanche et lundi)
13 euros

mercredi 24 septembre 2014

Ach, le Berliner Ensemble au Théâtre de la Ville

Mutter Courage und ihre Kinder

Cela fait deux ans que je m'étais abstenue de reprendre un abonnement au Théâtre de la Ville. A mon goût, la programmation s'égarait vers le bizarre, multipliant les expériences douloureuses pour le spectateur. Mais il est des sirènes auxquelles on ne peut résister. Bertolt Brecht en fait partie, particulièrement quand il est joué par SA compagnie : le Berliner Ensemble. D'autant plus que la production vient marquer les 60 ans de la première représentation de Mutter Courage au Théâtre Sarah-Bernhardt, l'ancêtre à l'italienne du Théâtre de la Ville.

Le problème avec les expectatives, c'est qu'elles sont souvent déçues. Voici une belle exception qui vient confirmer cette méchante règle. Ceci-dit, je le concède, le Berliner Ensemble, c'est quand même une valeur sure et on ne prend pas beaucoup de risque. C'est un peu l'équivalent au théâtre de l'obligation d'Etat allemande en finance, on peut lui faire confiance et sortir son portefeuille. Il s'agit par ailleurs d'une mise en scène de Claus Peymann, le directeur du Berliner Ensemble, qui date de 2005 et qui a déjà pas mal tourné. Autant dire qu'elle a eu le temps de faire ses preuves.

Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.

Mutter Courage est la métaphore de l'absurdité de la guerre et de l'aveuglement de ceux qui veulent s'enrichir sur son dos. Au cours de la guerre de trente ans qui oppose catholique et protestants, Mutter Courage, la vivandière Anna Fierling, ne veut pas s'engager, elle veut profiter de l'opportunité de la guerre pour s'enrichir avec son commerce de menus produits et provisions auprès des régiments. Elle y perdra tous ses enfants, incapable d'apprendre de ses malheurs. Par cette pièce, écrite en 1939, pendant son exil en Scandinavie, Brecht fustige les Etats scandinaves qui, sous couvert de neutralité, profitent du conflit mondial pour faire fructifier leur économie.

La scène est très sobre. Ronde, elle symbolise l'incapacité de Mutter Courage à évoluer et apprendre de ses revers. Elle fait aussi penser au cercle du Cercle de craie caucasien, je ne sais pas si c'est intentionnel. Elle y balade inlassablement sa carriole, aidée de ses enfants ou du moins de ce qu'il en reste au fur et à mesure que l'histoire se déroule. On retrouve dans la mise en scène l'esprit de cabaret allemand avec une gaîté mâtinée de gravité. Carmen-Maja Antoni campe une Mutter Courage d'exception, truculente, gouailleuse, espiègle, en en même temps, elle porte en elle tous les stigmates de la misère des petites gens coincés au milieu des conflits qui les dépassent. Les comédiens sont impeccables et je remet un prix spécial d'interprétation à la jeune fille qui joue la muette. Son expressivité rend son mutisme sonore. Sans prononcer un mot, elle nous en dit plus que nombre d'ectoplasmes au charisme d'huître que l'on retrouve régulièrement sur les planches.

Comble du plaisir pour moi, la pièce est jouée en Allemand. Ce plaisir n'est pas forcément partagé par tous, j'en conviens, il suffit de le demander à mon voisin de gauche... Non, ne lui demandons pas, laissons le dormir. Pour les amoureux de la langue allemande, c'est de la musique pour les oreilles, même en dehors des parties chantées. L'atmosphère conserve je ne sais quoi de glauque propre au cabaret des années trente, avec des personnages comme la fille de joie peu ragoutante et l'ecclésiastique à la morale élastique.

60 ans plus tard, la pièce ne prend pas une ride, ni par son propos, ni par son texte, ni par son esprit. On partageait ce soir là, un bonheur rare.

Et le requin, il a des dents...

Pour les 60 ans de la première venue du Berliner Ensemble à Paris, le Théâtre de la Ville a exceptionnellement programmé deux soirées de revue du Berliner Ensemble exclusivement consacrées aux chanson des pièces de Brecht. Le titre Et le requin, il a des dents... est emprunté à la plus célèbre d'entre toute,  celle de Mackie Messer dans l'Opéra de quat'sous Après le moment de grâce de Mutter Courage, je me suis donc précipitée sur les places restantes pour la soirée du 23 septembre. Je ne saurai résister à l'appel des complaintes de putes et de truands !

Le programme a de quoi allécher le chaland : des extraits de presque chaque pièce de Bertolt Brecht chantées par la crème de la crème des comédiens allemands. C'est charmant, on replonge dans le théâtre de Brecht à travers ses chansons. Toutefois, cela manque parfois un peu de souffle pour que la folie emporte la salle. Il y a de très beaux moments, très forts, et le tout donne surtout envie de faire une orgie de théâtre brechtien. C'est une mise en bouche pour se replonger dans l'œuvre dans son ensemble. J'espère que les librairies allemandes de Paris ont refait leurs stocks. J'arrive !

Bien sûr, les chansons sont inégales. Kurt Weill a, par exemple, plus de talent de compositeur que d'autres collaborateurs de Brecht. D'ailleurs, une petite déception est la façon dont la complainte de Mackie Messer a été expédiée. Ecourtée et à peine chantée, elle n'a pas vraiment été mise en valeur. Mais peut-être que son statut de hit international aurait fait trop d'ombre aux autres chansons. Ca se discute.

Dans l'ensemble ce fut une très bonne soirée et les comédiens sont irréprochables même en musique. Le jeune muette de Mutter Courage a vraiment une voix ! Les chansons sont incarnées, à l'exemple de la chanson où une prostituée et une nonne, en interprétant quasiment les mêmes paroles leurs donnent un sens totalement contraire, un véritable délice.

Mutter Courage und Ihre Kinder
Bertolt Brecht
par la troupe du Berliner Ensemble
Mise en scène Claus Peymann
17 au 26 septembre 2014
3h20 avec entracte

Et le requin, il a des dents...
Revue du Berliner Ensemble
Mise en scène Manfred Karge
19 et 23 septembre 2014
1h20

Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet
75 004 Paris
www.theatredelaville-paris.com

2 place du Châtelet

lundi 8 septembre 2014

Two Cigarettes in the Dark : un supplice de Pina Bausch et du Tanztheater Wuppertal à l'Opéra Garnier.

Qui ne se souvient par de la scène de Parle avec Elle de Pedro Almodovar, dans laquelle un homme était ému aux larmes par une scène du Café Müller de Pina Bausch ? C'est l'exemple même de la beauté de ses créations et de l'émotion qu'elle peut faire naître chez le spectateur et c'est personnellement cela que je vois quand je pense à Pina Bauch. Vous aussi ça vous a touché ? Alors passez votre chemin devant la porte de l'Opéra Garnier et le Two Cigarettes In the Dark présenté par le Tanztheater Wuppertal, la troupe créée par Pina Bausch. C'est la triste vérité, Pina Bausch aussi, a commis des grosses supercheries. Parce que oui, il y en a d'autres. C'est que je m'étais déjà fait avoir au Théâtre de la Ville ! Du coup, même crime, même sentence, je suis partie avant la fin : à l'entracte au Théâtre de la Ville, avant à l'Opéra.

Créée en 1985, Two Cigarettes in the Dark n'avait jamais été donnée à Paris... On comprend pourquoi. Pour résumer : c'est un spectacle de danse, mais sans danse. Un truc hyper révolutionnaire en somme. Ca me donne envie d'écrire un livre, mais sans mot... Je pense que je tiens un chef d'œuvre ! Dans une succession de saynètes sans intérêt, des personnages passent dans le décors blanc en prononçant des bribes de dialogues dont certaines se veulent burlesques, mais qui sont au mieux creuses, au pire vulgaires. Il parait que ça se veut drôle... Ben...  Des fois, on n'a pas toujours ce qu'on veut... Rien de mieux pour illustrer la plaisanterie comme quoi l'humour allemand, c'est l'humour juif mais sans l'humour. La preuve : quand Offenbach écrit "où sont les petites cuillers" dans Tulipatan, c'est drôle, mais quand Pina Bausch écrit "Ramon où sont mes chaussettes", on rit beaucoup moins. Et encore, c'est plus drôle quand je l'écris que sur la scène de Garnier, c'est dire. C'est pipi-caca-prout, mais avec du Champagne, des fracs et des jolis robes. Personnellement, ça ne m'intéresse pas de voir deux homme se cracher du Champagne l'un sur l'autre. De même, ont-ils l'intention de choquer en montrant deux hommes s'embrasser avec du rouge à lèvre ? Ce n'est pas parce qu'on est à l'opéra que le public est composé exclusivement des ouailles de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Si, c'est avec ça qu'on ambitionne de bousculer l'ordre établi et choquer le bourgeois en 2014, c'est triste à pleurer. On dirait du Judd Apatow. Il paraît qu'il y a l'ambition de faire saisir toute la dimension de la violence faite aux femmes. Ah, c'est donc pour ça que certaines se font jeter par terre ou tirer les cheveux. Mouais, il ne faut pas non plus nous prendre pour des jambons. Pour l'originalité, on repassera. C'est maigre. Bref, ce spectacle n'a en réalité absolument rien à dire, sauf peut-être qu'il ne connaît pas le concept de subtilité.

Pourquoi l'Opéra de Paris a-t-il présenté cette bouse (le mot est lâché) ? Parce que ça fait vendre, me direz-vous. Bonne réponse, et la plus légitime selon moi. En ces jours de vache maigre dans le domaine de la culture, il ne faut pas cracher dans la soupe. Mais c'est aussi parce que le Tanztheater Wuppertal n'a plus que ça à offrir. C'est cruel à dire, mais sans Pina Bausch, ils sont incapables de se renouveler, non seulement artistiquement mais également sur scène. On présage d'ailleurs déjà la mort du Tanztheather Wuppertal.  Ils sont tous trop vieux pour danser, donc ne présentent plus de véritables chorégraphies. Ils prennent ce qu'il reste, des pièces pseudo-dansées sans queue ni tête et servent ça avec l'estampillage Pina Bausch. Et comme c'est du Pina Bausch, le public crie au chef d'œuvre. Forcément, on ne va pas dire du mal d'une morte. Mais je parierais que quatre-vingts pourcents des adeptes cherchent encore le sens de ce spectacle mais n'osent pas l'avouer. Pas grave, Pina Bausch a la carte et ça fait intellectuel d'aimer ça. Les plaisanteries pipi-caca sont pudiquement qualifiée d'irrévérencieuses. Mais saperlipopette, quoi ! Quand on voit ça, et quand on voit le Sacre du Printemps, tellement puissant qu'aucun autre chorégraphe ne pourra plus espérer l'égaler, quand on voir Café Müller qui a révolutionné la danse, ça énerve !

Ce spectacle est fait pour ceux qui ont la foi en Pina Bausch. J'admire son travail, je la place parmi les plus grands, mais j'ai encore mon libre-arbitre et je ne suis pas prête à gober n'importe quoi. Tant pis pour le Tanztheater Wuppertal. S'il a vécu, qu'il meure. La comedia e finita ! On ne peut vivre sur un héritage sans le faire fructifier, sans le renouveler. C'est l'exemple du défaut de transmission aux générations suivantes, quand la sélection culturelle rejoint la sélection naturelle.  Et pour moi, je paraphraserai mon ami le corbeau : je jure, certes un peu tard, que l'on ne m'y reprendra pas !

Opéra de Paris - Palais Garnier
2h31 avec entracte
1er au 7 septembre 2014.

samedi 6 septembre 2014

Sabbath's Theather, de Philip Roth

Si la Marche funèbre d'une marionnette, de Gounod, ne faisait pas autant penser à Alfred Hitchcock (il s'agissait du générique de son émission Alfred Hitchcock presents), elle s'appliquerait à merveille à la lecture de Sabbath's Theater de Philip Roth. On y trouve le même burlesque macabre et... des marionnettes.

Comment résumer ce livre... C'est  un portrait, celui de Mickey Sabbath, ancien marionnettiste irrévérencieux contraint de mettre un terme à son activité en raison de son arthrite et de son léger penchant pour ses étudiantes (ainsi que les putes ou tout autre donzelle prête à retirer sa petite culotte, il n'est pas regardant). Retiré dans un village paumé de Nouvelle Angleterre, Madamaska Falls, il est hanté par tous les personnages qui ont peuplé son passé et l'ont accompagné sur la route de sa déchéance : sa mère, son frère mort à la guerre, sa maîtresse croate, sa femme alcoolique repentie, son ex-femme disparue...

Mickey Sabbath, disons-le, est un gros dégueulasse et pas peu fier de l'être. C'est un personnage écœurant, il est sale, laid, vieux, malade et n'a que peu de considération pour son prochain. Il est désespérant, incapable de résister à ses pulsions les plus primaires. Agitez une petite culotte sale sur son chemin, il courra la langue pendante pour enfouir son visage dedans. Paumé, il est irrécupérable pour la société et que quoi qu'il fasse, il fera immanquablement les mauvais choix. Et pourtant, et pourtant... Il y a ce je ne sais quoi, qui fait que, malgré tout Sabbath reste attachant. Ses mauvais choix sont un peu des coups du sort comme s'il représentait la quintessence de la loi de Murphy. Et là, il n'y a rien à faire, on pouffe ! La scène dans laquelle il se fait surprendre par la femme de ménage de son ami, riche producteur new yorkais, alors qu'il farfouille dans la lingerie de la fille dudit ami à la recherche de photos coquines, est tout bonnement hilarante.

Incontestablement, la plume de Roth fait de ce roman, une merveille d'écriture. Je n'arrête pas de m'extasier devant sa maîtrise la narration. Je ne cacherai d'ailleurs pas que je suis une inconditionnelle de Philip Roth et qu'il est à l'heure actuelle le plus grand écrivain vivant. N'en déplaise aux méchants de l'Académie Nobel qui ont avoué qu'ils ne lui fileraient pas le prix à cause de sa nationalité américaine (l'âge ne fait rien à l'affaire disait le poète, et je en parle pas de Philip Roth bien entendu). Bref la forme est impeccable. Sur le fond, en revanche, j'ai quand même quelques petites réserves. Au bout d'un moment, le sexe crade chez les éléphants de mer, ça finit par faire remonter le petit dèj... A côté la scène du foie de veau de Portnoy Complaint relève du livre de communiante. Mais il s'agit de prétextes à l'invocation de sujet plus graves : les marionnettes du théâtre intérieur de Sabbath avec leur détresse, le chagrin de la mère du soldat mort, l'autodestruction de l'alcoolique pathologique ou la fragilité de la femme-enfant. Tous ces personnages viennent le hanter au cours de ses errements. Il s'interroge alors sur le sens de la vie, sur le bonheur que l'on ne trouve qu'une fois qu'il s'est enfui. Roth en profite alors pour dresser un portrait de l'Amérique libertaire des années soixante et soixante-dix desemparés ou rattrappés par le retour fulgurant du politiquement correct et de la morale puritaine dans les annees quatre-vingt-dix, rendant vaines toutes les guerres de leur jeunesse.

Si je ne nie pas que le livre est magistral, pour apprécier un bonbon, il faut apprécier le fourrage et l'enrobage. Et là, l'enrobage était un peu étouffe-chrétien, malgré le portrait au vitriol de l'Amerique bien-pensante qui se cache à l'intérieur.

Sabbath's Theater
Philip Roth
Vintage Books, London, 471 pages.

vendredi 8 août 2014

Dragons 2

Amis de l'heroic fantasy bienvenus : Dragons 2 est sur les écrans. Pas besoin d'être obligé de louer un gosse pour aller le voir au cinéma, c'est aussi un très bon moment à passer avec les moufflets, c'est un film pour toute la famille, "qui ravira les petits comme les grands" comme on dit. Dragons II, dernier né des Studios Dreamwork est un petit bijou. Il surpasse le précédent par la qualité de son scénario,  de l'animation et l'univers dans lequel il plonge le spectateur.

C'est le retour de Harold, le dragonnier viking et de Krokmou, son compagnon ailé cracheur de feu de la race des furies nocturnes. Dans le premier opus, Harold et Krokmou apprenaient à se connaître et leur amitié amenait tout le village viking à ne plus affronter les dragons mais à faire mumuse avec eux. Cette fois-ci, Harold et Krokmou ont grandit et parcours les étendues du Nord à la recherche de territoires inexplorés, ce qui les amènent à faire la rencontre de chasseurs de dragons à la solde d'un sinistre personnage mégalomane qui menace l'équilibre de leur communauté d'hommes et de dragons.


Impossible de ne pas tomber dingue de Krokmou, ou alors, il faut être du genre à aimer faire du mal aux petits animaux ou aimer exclusivement les petits poneys. Gros matou un peu cabot, on a envie d'en avoir un chez soi, ça doit tenir chaud l'hiver en plus. Il n'y a pas de secret, le modèle de Krokmou n'est autre que le chat du superviseur de l'animation des studios Dreamworks. Un minou nommé Stufen dont les principales occupations sont de se frotter et se faire gratter le bide. C'est très bien traduit en animation et ses petits camarades dragons ne sont pas en reste.

L'histoire, sans être complexe mais sans non plus tenir sur un timbre poste, est palpitante, drôle et touchante... Préparez vos mouchoirs... Je dois avouer que j'ai pleuré devant Dragons II... Sans blagues, j'ai vraiment pleuré devant Dragons II. Harold est poste-ado mais pas encore complètement mature et prêt à assumer les responsabilités que son papa compte lui transmettre. Et bien sur, il sera, par la force des choses et la nécessité d'œuvrer à la conservation de la paix, forcé de les assumer ces responsabilités. Le passage de flambeau est l'occasion de faire un gros gros clin d'œil à Game of Thrones avec une scène d'embrasement d'une barque funéraire. C'est bien, ça prépare les gosses à la série (mais à tout y réfléchir, pas sure que ce soit la série la plus indiquée pour un visionnage en famille...).


On en apprend plus aussi sur le passé d'Harold, mais rien, absolument rien sur celui de Krokmou. Et ça sent très fort le sujet à développer dans le troisième volet (puisque troisième volet il y aura, c'est déjà acté, yesssssssssssssssssssss). Krokmou, le dernier de son espèce ? Ho ho ho, il va nous faire des bébés dans le prochain film, lui !


On est emporté par les voyages de Krokmou et Harold à travers les étendues glacée et les nuages. Les scènes de batailles entre dragons son phé-no-mé-nales. L'animation est bluffante de précision, on en prend plein les mirettes. Les dragons débarquent de partout, crachent du feu, du gaz, de la glace... On se sent tout petit à côté. Si Dreamworks était un peu en deçà de Pixar à mon goût, il se sont plus que bien rattrapés.


Enfin, l'univers du film est profondément envoutant. Grosse grosse envie d'aller passer les prochaines vacances en Scandinavie, moi... Il n'y a pas de dragons certes (parce qu'il paraît que ça n'existe pas...), mais ça file des envie de drakkar. C'est une idée pour faire patienter jusqu'au troisième volet.

Dragons 2
Réalisé par Dean DeBlois
1h43

Sortie le 2 juillet 2014






jeudi 31 juillet 2014

"Killer on the Road" de James Ellroy

La deuxième fois, ça passe. Après un faux départ il y a cinq ans, j'ai repris la lecture de Killer on the Road (Un tueur sur la route) de James Ellroy. Le faux départ n'était pas dû au manque d'intérêt du livre mais à sa violence et à la pesanteur de son atmosphère. Je sais bien qu'avec un titre pareil, on ne s'attend pas à lire une histoire d'amour de petits chatons. Mais il est des moments où le crime n'enthousiasme pas... J'ai donc repris la lecture du livre avec quelque appréhension, mais il faut croire que je suis beaucoup moins sensible aujourd'hui puisque la violence ne m'a plus rebutée.


Martin Michael Plunkett confesse à la première personne ses péripéties de tueur en série, de son enfance à son incarcération. Oui, il se fait chopper, mais ce n'est pas révéler la fin que de le dire puisque le livre s'ouvre sur Plunkett en cellule qui accepte de livrer ses confessions. Enfant surdoué et taciturne, inadapté à son environnement, il traverse son enfance en faisant du monde qui l'entoure un univers parallèle à force d'imagination. Il s'amuse à épier les couples faisant l'amour.   Il développe comme tout bon psychopathe un conflit avec sa maman qui sera en toute logique sa première victime. Il est fasciné par l'acte sexuel, mais totalement incapable d'y prendre part, comme il est totalement incapable d'avoir des rapports normaux avec ses congénères. Son plaisir, il le trouve dans le massacre enragé de jeunes gens, beaux de préférence, sinon ça le dégoute.


James Ellroy commence à devenir un compagnon de longue route. Ok, j'avoue, je suis même complètement fan. C'est au moins le dixième livre que je lis de lui, mais le premier des romans antérieurs au L.A. Quartett (The Black Dahlia, The Big Nowhere, L.A. Confidential et White Jazz). Et cela se sent qu'il s'agit d'un roman de jeunesse. Le style Ellroy est là, mais il n'est pas encore abouti. Il est sur le bon chemin mais est encore truffé d'imperfections. C'est écrit au scalpel, le vocabulaire est d'une précision nanomillimétrique et c'est cela qui fait sentir la présence d'Ellroy derrière la machine à écrire. Ce n'est pas encore l'écriture au hachoir des livres suivants et le vocabulaire n'est pas encore si ordurier que cela. Il se cherche encore, mais est pourtant parfaitement identifiable. Le rythme, enfin, n'est pas encore maîtrisé et la narration, un peut trop linéaire, manque de montée en puissance.


Avec tous ses défauts, le livre reste fascinant et terrifiant. Plunkett frappe dans l'ombre et se meut dans l'anonymat. Et il est surtout sacrément dérangé ce garçon. Lui aussi cherche son style, il compose des variations autour de son mode opératoire (c'est fou ce qu'il a l'imagination débordante ce petit chou) et s'invente des mentors à travers Charles Manson et un collègue de meurtres en série qui croise sa route, mais finit par les mépriser. Son véritable mentor, c'est Shroud Shifter, un super héros de comics de son enfance, dont il partage l'obsession d'invisibilité et qui s'adresse à lui au cours de ses délires paranoïaques. C'est finalement lui qui l'accompagnera jusqu'au bout dans une scène burlesque d'assassinat de masse en déguisement de super héros ! Burlesque que l'on retrouve singulièrement à différents moments du livre. L'histoire est glauque et pourtant, dans l'horreur, elle conserve une certaine dimension comique car au final il ne semble pas qu'Ellroy lui même ait beaucoup pris son propre personnage au sérieux.


C'était en tout cas un bon en-cas en attendant le 11 septembre et la sortie de Perfidia !


Killer on the Road
James Ellroy
1986
William Morrow paperback (reprint 1999), 272 pages.




lundi 28 juillet 2014

Jimmy's Hall

Ken Loach revient en Irlande huit ans après Le vent se lève, et c'est l'occasion de taper sur la curaille irlandaise. En même temps, on ne peut pas dire qu'ils ne le méritent pas... Il suffit de lire la description de l'enfer par le curé du Portrait de l'artiste en jeune homme de James Joyce, pour se sentir traumatisé.

L'histoire, authentique, se passe dans les années 1930. A la faveur d'un désir d'apaisement du pays sous la présidence d'Eamon de Valera, Jimmy Gralton, activiste gaucho revient dans son Irlande natale, dans le Leitrim County pour être précis, après dix ans d'exil pour y retrouver sa vieille môman. Les oppositions entre factions rivales lors de l'accession à l'indépendance de l'Irlande l'avait en effet forcé à s'éloigner du pays et se réfugier aux Etats-Unis. Son retour est accueilli avec joie et émotion par sa mère, ses amis et la jeunesse locale qui cherche à s'amuser et danser et ne trouve, ô comme c'est étrange, pas satisfaction dans les événements organisés par la paroisse. Jimmy était en effet, avant son départ, à l'origine de l'ouverture d'un dancing communautaire dans lequel chacun pouvait y trouver, outre le plaisir de la danse, l'accès à la peinture, la musique ou la littérature. Mais son retour ne ravit pas le curé du coin, les militants nationalistes et les grands propriétaires qui avaient réussi à se débarrasser de lui dix ans auparavant. Eh oui, ce dancing est aussi le lieu où se propagent les idéaux de Tonton Marx et où sont prodigués des enseignements non validés par l'église catholique.

Traité sur le ton de la comédie, le film tourne autour de la rivalité entre ces deux mouvances et des stratagèmes de chacun pour neutraliser l'autre. Le tout se passe (presque) sans violence, mais on sent bien que la paix toute jeune après que le pays se soit déchiré est fragile. Tout le monde marche sur des œufs, le but est de s'imposer sans faire tout exploser. Malgré le ton de la comédie, la tension est perceptible. On connait les convictions de Ken Loach, et il faut quand même faire abstraction des discours crypto-communistes et notamment d'une tirade un peu lourdaude censée faire le parallèle entre la crise de  1929 et la crise financière de 2008 et stigmatisant les vilains patrons, pour pleinement apprécier le film. Les communistes apparaissent donc mille fois plus sympathiques que les catholiques et les nationalistes. En même temps, si l'histoire n'a pas donné l'occasion aux premiers de diriger l'Irlande, on ne peut pas dire que cette dernière ait été parfaitement servie par les seconds non plus... Pour rester dans le septième art, il suffit de regarder les Magdalene Sisters ou Philomena pour sentir monter la nausée. Je ne mentionnerai pas la réalité et les cadavres de bébés retrouvés dans les jardins de couvents... Oups, je vient de le faire... On notera quand même que le curé, même s'il reste droit dans sa soutane, n'en salue pas moins la ténacité de Jimmy. Quand une croyance se met à en respecter une autre... Ce n'est pas un gros message d'espoir, ça ?

Au-delà de l'affrontement de deux idéologies, c'est un plaidoyer pour la liberté d'expression et de conscience. Et malgré les réserves que l'ont peut avoir sur le propos que Ken Loach introduit dans le film, c'est un feel good movie. Il reste léger, rempli d'espérance. Ca sent la pluie et le vent d'Irlande, et on en sort avec du jazz et de la flute irlandaise dans la tête avec une sérieuse envie de s'envoyer un pinte au pub du coin. Ken Loach se met du côté des révoltés à la recherche du plaisir honni par la calotte, et nous emmène avec lui  tant on est conquis par l'entrain des Irlandais. Les acteurs sont savoureux. Barry Ward, dans le rôle de Jimmy est absolument délicieux (même si physiquement, il a certains côtés qui rappelle Aidan Gillen, l'ignoble Petyr Baelish de Game of Thrones). Mention spéciale pour sa maman, touchante, forte et en même temps terriblement drôle, en particulier lors de l'arrestation ratée de Jimmy. La réalisation est classique et de très bonne facture outre quelques scènes où la mise en scène est trop voyante. Il manqué juste un petit je ne sais quoi qui empêche d'en faire un grand film. Ce n'est pas le meilleur Ken Loach, mais un film d'une qualité tout de même largement au dessus de la moyenne. Loach a annoncé lui même que ce serait le dernier, j'espère qu'il ment !

Réalisation : Ken Loach
Avec : Barry Ward, Simone Kirby, Andrew Scott, Jim Norton
1h49

Sortie le 2 juillet 2014


jeudi 24 juillet 2014

Black Coal : feux d'artifices en plein jour

Un mois après sa sortie, je suis enfin allée voir Black Coal, de Yi'nan Diao, Ours d'Or au Festival de Berlin, malgré son titre si vilain. Black Coal... Charbon noir... On est dans le réalisme là, le charbon noir est en effet plus réaliste que le charbon rose à pois violet. Non, sérieux, l'auteur du titre en Français ne s'est pas rendu compte que charbon noir, ça fait aussi nouille que petit pois vert ou rubis rouge ? Si peut-être... C'est pour cela que c'est en anglais, Black Coal... Avec un peu de chance, les Français ayant la réputation d'être des quiches en Anglais, ça passera... Ben non, ça ne passe pas... Pourquoi traduire un titre chinois qui veut dire "Feux d'artifices en plein jour" par "Black Coal" ? Va comprendre... Au moins les Allemands se sont montrés plus sensés, en traduisant mot pour mot le titre chinois : "Feuerwerk am hellichten Tage".

Black Coal, puisque c'est donc ainsi qu'il est intitulé, est un polar chinois contemplatif. L'énigme à la base de l'histoire est un puzzle au sens propre comme au sens figuré puisque tout démarre avec la découverte en 1999 de morceaux de cadavre éparpillés aux quatre coins de la Mandchourie (eh oui, façon puzzle comme dirait Raoul Volfoni) dans des usines de charbon. Première étape, identifier John Doe, deuxième étape, informer la veuve, troisième étape découvrir qui a fait le coup. C'est là que ça se corse puisque rapidement les policiers chargés de l'enquête dégomment les principaux suspects dans un salon de coiffure aussi glauque que kitsch. L'un des flics, blessé, y voit d'ailleurs s'arrêter là sa carrière. Tout est relancé cinq ans plus tard avec la découverte de nouveaux morceaux de macchabés dans des tas de charbons. Zut, alors les suspects n'étaient donc pas coupables ? Zut encore, ils ne sont plus disponibles pour le leur demander. L'ex-flic auteur de la bavure est remis sur le coup et tout semble tourner autour de la veuve de la première victime pour laquelle il développe au fur et à mesure un attachement pas très très professionnel.

L'histoire, si prenante soit-elle, est surtout un moyen de peindre la société chinoise de manière inhabituelle. On est loin des fictions paysannes à la Zhang Yimou ou de l'ode à la culture chinoise, on est encore plus loin des polars de Hong Kong gonflés d'adrénaline de Tsui Hark puisque le film prend son temps. Ici, c'est une métropole chinoise en 2005, en pleine croissance fulgurante, dans laquelle se croisent les catégories les plus modeste et les entrepreneurs en pleine réussite. C'est crade, c'est kitsch, c'est fascinant et répugnant en même temps. Et ce n'est pas une pub pour la Chine, même la nourriture ne donne pas envie ! La ville, hyper peuplée, est vilaine, le temps est froid et humide, et quand il fait beau cela n'est guère mieux. Les gens sont indifférents au sort des autres, désagréables, parlant agressivement sans bonjour, svp, merci, au revoir . Extrêmement choquante est la façon dont les femmes sont traitées, malmenées, tripotées, bousculées, frappées. C'est cela qui fait de ce film un film comme nul autre.


La mise en scène est léchée. Les plans sont originaux et changent parfois de point de vue en passant en même plan de la caméra suggestive au narrateur omniscient. Du grand art. Il ne l'a pas volé son Ours d'Or ! Il parait que Yi'nan Diao s'est inspiré des films noirs américains pour sa mise en scène. A y réfléchir, on y retrouve les silences lourds de sens, les regards profonds et l'atmosphère sombre et surtout, surtout, sa femme fatale ! Le héros est rugueux, pas très sympathique, même s'il s'améliore au fil de l'histoire. C'est un personnage profondément humain avec ses erreurs, ses doutes et sa grosse grosse bavure.


A recommander aux amateurs de sensations fortes car on demeure dans un film qui prend son temps et qui porte son spectateur doucement vers le dénouement final, ce qui n'empêche tout de même pas deux trois épisodes assez gores. Les amateurs de lenteur se réjouiront.


Black Coal
Réalisé par : Yi'nan Diao
Avec : Fan Liao, Lun-mei Gwei, Xue-bing Wang
Chine / Hong Kong
Sortie en salles le 11 juin 2014

lundi 21 juillet 2014

Un week-end dans le Marais Poitevin

Trois jours de vacances dans une destination inconnue, direction le Marais Poitevin, par coïncidence tout nouvellement reclassé en Parc Naturel Régional (PNR pour les intimes).

Sans connaître le Marais Poitevin, je m'imagine que c'est vert et mouillé. Eh bien ce n'est pas tout à fait vrai ! Il faut différencier le "marais mouillé" qui comporte un labyrinthe de canaux et le "marais desséché" beaucoup moins humide, beaucoup moins vert car asséché pour y libérer des terres fertiles et qui s'étend jusqu'aux côtes de Vendée. C'est donc à une toute petite partie du Marais que j'ai consacré mon week-end, mais à la plus humide. Quand on dit marais mouillé, c'est un descriptif plutôt fidèle du lieu !
Si le Marais Poitevin est aussi appelé la Venise verte, on comprend rapidement pourquoi... C'est vert partout. Ça doit certes, l'être largement moins en hiver, mais au printemps, on a toute la palette de vert !


Jour 1


Comment découvrir une région que je ne connais pas ? J'ai choisi d'évacuer immédiatement l'attraction la plus attendue du coin pour pouvoir aborder sereinement la région. Alors, à peine arrivée sur place, mon programme prévoit une promenade en barque sur les canaux (conches et autres écluseaux, les noms variant en fonction de la largeur des voies). J'ai choisi de m'adresser à l'embarcadère du Port de Montfaucon à Saint-Hilaire-la-Palud. C'est une petite embarcadère excentrée, loin des usines de Coulon, la capitale du Marais, où les touristes son charriés à la chaîne dans les embarcations, lesdits touristes, parfois un peu braillards et avinés pouvant vous pourrir un moment de grâce. Bien entendu, une réservation à l'avance s'impose. Je me suis donc embarquée pour deux heures sur les canaux, emmenée par le batelier, Jérôme, à la manœuvre de la pigouille, ainsi que se nomme le long bâton de bois avec lequel on met la barque en branle. La fin de journée donnait une lumière rasante qui traversait les feuillages. Le calme du lieu, propice à la contemplation, a favorisé la rencontre avec certains des petits habitants des canaux et bords de canaux. Le batelier Jérôme, érudit sur la faune et la flore, était là pour fournir toutes les informations nécessaires sur les environs. J'ai donc fait la connaissance des demoiselles, à ne pas confondre avec les libellules, des arbres taillés en têtard qui bordent les canaux, des ragondins, même si le premier que nous avons croisé était en décomposition (oui, pas glop), des poules d'eau, canards, hérons et pics, le tout au lent rythme de la barque qui avançait silencieusement au milieu de la végétation. Grosse grosse ambiance "Au cœur des ténèbres"... Fort heureusement le Poitevin est pacifique et ne balance pas de tir de flèche sur les voyageurs en barque...


Embarcadère du Port de Montfaucon
Rue de la Venise Verte
79210 St-Hilaire-La-Palud
05 49 35 34 97


Jour 2


Deuxième moyen de parcourir la région : à cheval. Un centre équestre propose en effet des promenades et des randonnées dans les champs et la nature environnante avec des chevaux plutôt pépères. J'ai chaussé mes bottes, enfilé mon pantalon et mis ma bombe et suis partie pour une balade dans les innombrables chemins qui traversent les forêts et bordent les canaux. Même vu de là-haut, c'est tout vert et tellement tranquille.


Tourteau fromager
L'équitation étant du sport, eh oui, ce n'est pas forcément le cheval qui fait tout le boulot, on peut se donner le droit à quelques petits excès pour le repas. C'est donc l'occasion de goûter les spécialités locales. Tout d'abord le farci poitevin, ça n'a pas l'air ragoutant comme ça, amis c'est très bon. Et c'est drôle, c'est vert comme la région. Il s'agit d'une sorte de pâté de légumes du potager auxquels on ajoute du lard. C'est pas mal du tout, et ça semble une bonne solution pour faire manger des légumes aux enfants ! Plus difficile par contre de leur faire manger des anguilles. Pour ma part, je ne suis pas une grosse fan non plus, mais il faut bien se plier aux us locaux. Ça passe, mais il faut aimer. L'accompagnement en revanche est un vrai bonheur, il s'agit de gros haricots blanc, les mogettes. Enfin, la cerise sur le gâteau ou plutôt le coulis sur le tourteau. Ça, je connaissais d'avance et aimait déjà, le tourteau fromager. Alors, non, le tourteau ici n'est pas un gros crabe, mais un gâteau fait à base de fromage de chèvre frais avec un dôme légèrement brûlé. Me voici lestée pour le reste de la journée.

Rien de tel qu'un peu de sport pour faire passer le repas, me voici donc embarquée sur un canoë pour une petite promenade d'une heure sur les canaux du marais, au départ de embarcadère Cardinaud, moins intime que le port de Montfaucon. Bon, le canoë, on ne peut pas dire que ce soit pour moi... Premièrement, il faut bien s'entendre avec son coéquipier, car l'un devant pagayer d'un côté et l'autre de l'autre, il y a intérêt à être syncro... Deuxièmement, c'est surtout le meilleur moyen de se flinguer le dos. Décidément, j'assume ma condition de bourgeoise et le fait de préfère me faire pigouiller par le batelier. Ceci-dit cela a permis de naviguer sur la Sèvre et de découvrir Coulon depuis l'eau.


Je continue sur la thématique équestre en me rendant à l'Asinerie du Baudet du Poitou. Le Baudet du Poitou est une race d'âne menacée que l'on essaie de conserver et entretenir. Il est aisé de le reconnaître avec son pelage bien particulier qui rappelle les dread locks des amateurs de concert de reggae. Mais à la différence du rasta, le Baudet du Poitou mange l'herbe et ne la fume pas. L'Asinerie propose des visites des lieux avec les enclos des ânes (on peut même y voir les bébés de l'année, chic, chic, chic), les salles de reproduction, les attelages pour les travaux agricoles et une exposition retraçant l'histoire de la bête et sa contribution à la culture régionale. Outre les baudet, l'asinerie est également un centre de reproduction pour le trait mulassier poitevin, qui, comme son nom l’indique, est une cheval de trait largement croisé pour créer des mulets. Il s'agissait d'une simple visite, mais il est possible d'y faire faire une balade à dos d’âne pour les enfants ou de se faire tracter en calèche par le trait mulassier.

Embarcadère Cardinaud
Avenue de la Repentie
aux portes de Coulon
79460 MAGNÉ

05 49 35 90 47

La Maison du Cheval
La Garette
79270 Sansais
05 49 35 35 35



L'Asinerie du Baudet du Poitou
Ferme de la Tillauderie
17470 Dampierre-sur-Boutonne
05 46 24 68 94

Jour 3

Troisième façon de découvrir le marais, troisième moyen de transport : le vélo. Le port de Montfaucon loue également des vélos et fournit toutes les informations nécessaires pour passer une journée à pédaler dans le bonheur. Il s'agit peut être de l'une des plus belles balade à vélo de ma vie. Tout d'abord et c'est loin d’être négligeable, mais c'est plat, donc extrêmement appréciable pour qui n'est pas entraîné pour le tour de France. Le circuit consistait en une boucle au départ de Saint-Hilaire-la-Palud en passant par Damvix, Bazoin et Arçais. De chemins de halage en bord de canal aux petits chemins de terres serpentant entre les canaux, on parcourt le marais sous toutes les coutures avec dans le panier du vélo de quoi faire un bon pique-nique. Les maisons qui bordent le canal de Bazoin sont ravissantes et transpirent la tranquillité, particulièrement sous le soleil timide mais présent en cette belle journée. Sous la pluie c'est certainement beaucoup moins enchanteur. Les petits chemins cachés entre les canaux sont eux plus sauvages et passent au milieu des exploitations agricoles, histoire de faire coucou aux vaches. Après une journée de vélo, j'en ai plus eu plein les mirettes que plein les pattes. Thumbs up!

Un temps charmant, un bain de nature, le temps qui s’arrête l'espace d'un week-end. Je reviendrai tres certainement.


mardi 15 juillet 2014

Cyrano de Bergerac à l'Odéon

Voici une pièce que je peux me targuer de connaître par cœur, mais comme une grosse partie de la population française certainement, d'où le challenge pour le metteur en scène qui choisit de monter Cyrano. Il est des mises en scènes et des Cyrano inoubliables qui gonflent la difficulté, à commencer par le film de Jean-Paul Rappeneau qui a réussi à faire de Gérard Depardieu l'incarnation de Cyrano dans l'imaginaire collectif. Je ne connais pas une personne de moins de 35 ans dans ce pays qui n'ait eu droit à sa projection du film au collège, ou qui l'ai regardé pour ne pas avoir à lire le livre pour son cours de Français. La Comédie Française avec Denis Podalydès à la mise en scène et Michel Vuillermoz dans le rôle titre avait réussi à relever le défi avec une mise en scène très classique mais haute en couleur et pleine de panache.

Dans la mise en scène de Dominique Pitoiset à l'Odéon, en revanche, oublions tout classicisme, et bienvenu à l'hôpital psy ! Pour avoir vu quelques mises en scène de Pitoiset dans les années 1990, je m'attendais à son côté sombre et dérangeant, il n'a pas failli à la règle. La scène est une "salle de convivialité" d'institution pour personnes très très fatiguées avec son mobilier institutionnel sans fioriture, tables en formica, chaises en alu et un jukebox dont les musiques viennent marquer les changements de scène... C'est glauque à souhait. Des personnages loufoques errent en survet' ou en vêtements sans âge et Cyrano lui même vêtu d'un Marcel, avec sa blessure à la tête, en sus de son gros nez, n'inspire pas franchement confiance. Pitoiset a mélangé Cyrano de Bergerac avec Vol au dessus d'un nid de coucou. Le choix de mise en scène peu surprendre et déranger, et pourtant, il colle parfaitement au texte. Le trio amoureux de Roxane la précieuse, Christian le pataud et Cyrano l'esthète fonctionne très bien loin des bas de soie, des fraises et des souliers à boucles.

Au milieu de tout cela, Philippe Torreton compose un Cyrano exceptionnel, à tel point qu'il en éclipse souvent ses petits camarades. Si je devais mettre un bémol au spectacle, c'est d'avoir un comédien trop talentueux. Si Cyrano éblouissait par sa verve et ses bons mots, Philippe Torreton éblouit par son interprétation et à côté, même si c'est bien joué, ça ne tient pas toujours la distance. Roxane en particulier a une voie désagréable et peu de modulation de jeu, sauf dans la scène du balcon. Vous me direz que cela se défend quand on campe un rôle de pensionnaire d'asile, mouais, Est-ce que ça vaut deux tympans martyrisés, pas sure. Christian de Neuvillette reste aussi toujours sur le même registre, mais en même temps, selon la pièce, c'est un personnage un peu bourrin qui ne comprend pas bien le concept de nuance. Et en plus, il ne gâche pas le décors...

La scène du balcon constitue le point culminant de la pièce et m'a époustouflée. Christian et Roxane communiquent par Skype, le dos de l'écran devenant la métaphore de l'ombre. Le résultat est excellent. Et comme je l'ai mentionné plus haut, c'est le seul moment de la pièce où Roxane ne braille pas. La mise en scène est ainsi remplie de trouvailles qui font rire ou sourire et qui ne sont jamais à côté de la plaque. Pour autant, elle laisse également sa part à l'émotion et la dernière scène entre Roxane et Cyrano face à leur amour tué dans l'œuf est superbe.

La pièce vient de s'achever à l'Odéon après une tournée à travers la France. Je ne sais malheureusement si elle se verra offrir une deuxième vie.

Cyrano de Bergerac
d'Edmond Rostand
Mise en scène : Dominique Pitoiset
Avec Jean-Michel Balthazar, Adrien Cauchetier, Antoine Cholet, Nicolas Chupin, Patrice Costa, Gilles Fisseau, Jean-François Lapalus, Daniel Martin, Bruno Ouzeau, Philippe Torreton, Martine Vandeville, Maud Wyler

Place de l'Odéon
75006 Paris

du 7 mai au 28 juin 2014

jeudi 19 juin 2014

La Traviata, mise en scène par Jacquot à l'Opéra Bastille

Avec la Traviata, Giuseppe Verdi et Benoît Jacquot offrent trois rares heures de grâce. Qu'Olivier Py y prenne de la graine car lorsqu'il touche Verdi, lui, c'est plutôt trois heures de crasse (je ne me suis toujours pas remise de son ignoble Aïda), Benoît Jacquot, en revanche, ne cherche pas à mettre son égo en avant, il met son talent au service de la musique. La mise en scène est une succession de tableaux à la fois somptueux et sobres cherchant à recréer l’atmosphère des apparentements des poules entretenues du XIXème siècle. Oui parce que, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, la Traviata, c'est l'adaptation de la Dame aux camélias et ,attention, spoiler, elle meurt à la fin. Bref, si on aime Jacquot au cinéma avec ses intérieur éclairés à la bougie, ses étoffes qui bruissent et ses planchers qui craquent, on est dans son élément.

La soirée s'est annoncée très bonne dès le départ. Toutefois, pour moi, la Traviata commence toujours  par un regret, le brindisi arrive trop tôt, trop vite. Le plus gros tube de cet opéra et peut-être de toute l’œuvre de Verdi arrive dès le début et je ne me sens jamais déjà suffisamment plongée dans la musique et l'histoire pour l’apprécier à sa juste mesure. Et du coup, ce n'est forcement pas mon air préféré. En parlant de tubes, la Traviata, opéra aux multiples tubes, souffre aussi d'une surutilisation de ses arias par le cinéma et la publicité qui peut marquer éternellement les plus belles partitions et vous gâcher votre plaisir. Ainsi, lorsque j'entends le sempre libera, je ne peux pas ne pas voir Guy Pearce dans Priscilla, folle du désert, perché sur son camion, son maquillage à la truelle et son fichu argenté volant dans le vent. Mais pour le coup, c'est plutôt agréable et ça ne dénature pas l’opéra, ce serait même un contrexemple, une sorte de petit plus qui fasse encore plus jouir du moment. En revanche, je maudirai jusqu’à mon dernier souffle l'agence de pub qui a osé utiliser le chœur des bohémiens pour faire la pub de serviettes hygiéniques ! Eh oui, il ne m'est plus possible de l'entendre sans penser à Vania Pocket et imaginer des femmes en tenues pastels des années 80 se passer de main en main des trucs de filles. C'est criminel de faire ça ! 

Heureusement, il y a tout le reste. Et Ludovic Tézier... Il est parfait dans le rôle du père d'Alfredo. La scène où il négocie avec Violetta (la Traviata) pour qu'elle s’éloigne de son fils et cesse ainsi d'entacher la réputation de sa famille est poignante. Sa voix grave est pure et puissante. Elle traduit l’émotion du père suivant son devoir bien que touché par cette fille de mauvaise vie. Assis sous le chêne recréé sur scène (Bravo Jacquot), les voix de Violetta et Germont s’emmêlent, cherchent à convaincre, à attendrir. La scène est sublime, touchante et effroyable à la fois.

La dernière représentation est ce vendredi 20 juin et de toute façon, c'est archicomplet, mais cet opéra figure déjà au programme de la saison prochaine. Une occasion à ne pas laisser passer.


La Traviata
Giuseppe Verdi
Opera de Paris - Bastille
www.operadeparis.fr

Direction musicale : Francesco Ivan Ciampa
Mise en scène : Benoît Jacquot
Violetta : Diana Damrau
Alfredo : Francesco Demuro
Germont : Ludovic Tézier


du 2 au 20 juin 2014
du 8 septembre au 12 octobre 2014

jeudi 12 juin 2014

Le Cinéma en plein air de la Villette, les ados à l'honneur

Trop de la balle, délire, ça déchire... C'est le moment de ressortir les bonnes vieilles expressions des années 90 pour moi. Oh, non, en fait, ça craint trop... Mais, pourquoi en fait ? Parce que le Cinéma en plein air de la Villette a dévoile son programme et il est cette année consacré à l'adolescence sous toutes ses coutures, aux adolescents avec tous leurs boutons, bref, aux "Adolescences". Oué ! l'occasion de replonger avec nostalgie dans l'âge ingrat. Il y en a pour tous les gouts : comédie, tragédie, horreur... A regarder avec un bon pique-nique, sur un transat (que l'on peut louer 7 euros) ou assis sur son blouson, comme à l’époque. Maintenant, il suffit de souhaiter que l’été ne soit pas pourri.

Programme (films en VO sous-titrés en Francais) :
23 juillet 2014 : The We and I (Michel Gondry)
24 juillet 2014 : Moonrise Kingdom (Wes Anderson)
25 juillet 2014 : Camille redouble (Noémie Lvovsky)
26 juillet 2014 : Scream 4 (Wes Craven)
27 juillet 2014 : Quadrophenia (Franc Roddam)
30 juillet 2014 : Le dernier été de la Boyita (Julia Solomonoff)
31 juillet 2014 : A nos amours (Maurice Pialat)
1er août 2014 : Les enfants loups (Ame & Yuki - Mamoru Hosoda)
2 août 2014 : American Graffiti (George Lucas)
6 août 2014 : 17 filles (Muriel et Delphine Coulin)
7 août 2014 : Sweet sixteen (Ken Loach)
8 août 2014 : Hairspray (John Waters)
9 août 2014 : Chacun cherche son chat (Cédric Klapisch)
10 août 2014 : A bout de course (Sydney Lumet)
13 août 2014 : Martha Marcy May Marlene (Sean Durkin)
14 août 2014 : Pauline à la plage (Eric Rohmer)
15 août 2014 : Somewhere (Sofia Coppola)
16 août 2014 : Carrie au bal du diable (Brian de Palma)
17 août 2014 : Lolita (Stanley Kubrick)
20 août 2014 : L’été de Giacomo (Alessandro Comodin)
21 août 2014 : Half Nelson (Ryan Fleck)
22 août 2014 : Les beaux gosses (Riad Sattouf)
23 août 2014 : Elefant (Gus van Sant)
24 août 2014 : Fame (Alan Parker)

Cinéma en plein air
Prairie du triangle
Métro : Porte de Pantin
Parking : Parc de la Villette nord

Les séances commencent à la tombée de la nuit.

mardi 10 juin 2014

La petite communiste qui ne souriait jamais

Voici le fruit du hasard. J'avais entendu des critiques élogieuses sur "La petite communiste qui ne souriait jamais" de Lola Lafon mais ne pensait pas le lire pour autant... Eh bien, oui, ce qui est très dommage avec le temps, c'est qu'il n'est pas extensible et les désirs de lecture s'empilent sur mon bureau. Il aura donc fallu un petit frisson de panique dans le RER B en direction d'Orly, au moment où je me suis rendue compte que je n'avais pas pris de livre supplémentaire pour mon week-end, alors que j'arrivais à la fin du précédent. Panique vite étouffée par la solution d'en acheter un à l'aéroport. Heureusement que cela s'est produit à Orly car il y a un magasin de produits culturels bien connu dont le nom commence par FN et finit par AC. Il ne vaut en effet, pas mieux compter sur les librairies qui croulent sous les Marc Levy, Guillaume Musso et les nuances d'E.L. James. Malgré tout le respect qu'ils méritent certainement, ce ne sont pas mes auteurs préférés... Et même auprès de ce détaillant de produits culturels, le choix fut également maigre. C'est à ce moment là que je mes yeux se sont portées sur la couverture rayonnant de rouge du livre de Lola Lafon, planqué au bas d'un présentoir.

Le livre est une biographie d'une vie de Nadia Comaneci, de son enfance à Onesti en Roumanie à sa fuite aux Etats-Unis. Une vie, car l'auteur prévient elle-même que s'il se fonde sur les événements de la vie de Comaneci, elle en fait sa propre interprétation. Les conversations entre elle et Comaneci qu'elle retranscrit à la fin de chaque chapitre, par exemple, sont totalement fictives. C'est en réalité un prétexte pour nous jeter nos réactions médiocres à la figure en nous montrant comment l'on peut porter aux nues une petite fille puis la traîner dans la boue quand elle ne correspond plus à l'idéal qu'elle avait laissé entrevoir.


En l'espace de moins d'une minute, le 18 juillet 1976, Nadia Comaneci est devenu une légende. Un 10 aux barres asymétriques et elle est devenue la petite fille que tous les parents rêvent d'avoir et que toutes les petites filles rêvent de devenir, la réussite à l'état brute avec la grâce de la prépuberté en prime. Le livre montre le revers de la médaille (olympique). La petite fille si mignonne, malgré son corps frêle possède une volonté d'acier, un tempérament de tueuse dès qu'il s'agit de gymnastique. Elle accepte et endure les pires privations que ses entraîneurs lui imposent pour l'aguerrir et devenir la meilleure. Pourtant, malgré cette volonté, de son enfance à l'âge adulte, elle reste manipulée, prisonnière du rêve qu'elle a fait naître, dépassée par sa propre image.


La terre entière a été conquise en quelques secondes en 1976. Lola Lafon rappelle les mots des journalistes, émus et émerveillés devant la petite fille à la couette qui sautille gracieusement et défie les lois de la gravité. Mais de l'attendrissement à la perversité, il n'y a qu'un pas (de gymnastique... oui, j'aime les jeux de mots pourris, et alors...). Dès que la puberté change le corps de la fillette, elle est décriée. Elle a perdu sa grâce, la sal***, elle n'est plus que prouesses techniques. La terre entière crie "rendez-nous la Nadia de Montréal". Et tout le monde de souhaiter que le nature arrête son œuvre et que le temps fixe le corps de Comaneci dans l'enfance. Qu'elle prenne des seins et des formes de femmes et tout le monde s'estime floué. Les commentaires les plus abjectes ont été écrits et prononcés pour dénoncer l'odieux assassinat de la petite fille par la femme en devenir. Messieurs les journalistes sportifs, ce livre n'est pas une ode à votre profession. Gérard H., Lionel C., si vous m'entendez...

Ajoutons à cela que Comaneci n'a pas été que le symbole de l'enfance que l'on veut éternelle, elle a aussi été le joujou du pouvoir roumain, qui ne fut pas un modèle de démocratie souvenez-vous. On ne peut pas dire que le livre soit une pub pour la Roumanie de Ceaucescu, mais là où Lola Lafon vise juste, c'est, qu'ayant passé une partie de son enfance en Roumanie, elle sait de quoi elle parle et est loin des descriptions désincarnées des régimes soviétiques, qui ont été servies dès la chute du rideau de fer. Elle montre la nostalgie dont bénéficie l'ère communiste. Eh oui, c'était toujours mieux avant, quand on était opprimés, mais solidaire, quand on manquait de tout mais que c'était le cas pour tout le monde. Ce regards attendri jeté sur les années Ceaucescu montrent qu'il faudra l'extinction de cette génération pour que la page soit définitivement tournée. Elle décrit la manipulation de Comaneci par les Ceaucescu, par Nicolae et par Nicu, le "junior" fils à papa. Nicolae en fait un symbole du modèle d'éducation à la roumaine et de la défiance face à la Russie, Nicu en fait sa maîtresse forcée. Et Comaneci en profite. En même temps, à 18 ans, a-t-on vraiment le choix ? Doit-on vraiment porter toute la responsabilité de la complaisance à l'égard d'un régime totalitaire dont tous les excès sordides sont parfaitement détaillés dans le livre ? La question reste ouverte, mais l'anathème a été rapidement jeté et personnellement, j'ai la faiblesse de penser qu'à cet âge-là, on n'est pas fini.


C'est une ode à la compassion que ce livre. Pas mal écrit, quoique qu'un peu longuet parfois, un peu répétitif aussi. Il redonne un peu de son enfance à Comaneci et lui pardonne ses mauvais choix, rendant leur responsabilité aux sangsues qui se sont nourris de son talent et lui ont confisqué son propre corps. J'avoue, ça dégoute de ses congénères, mais c'est une leçon de tolérance et de prise de recul, pas superflue en ce moment.


La petite communiste qui ne souriait jamais
Lola LAFON
Actes Sud Littéraires
Janvier 2014
320 pages
21€