samedi 17 septembre 2011

Mes journees du patrimoine...

Un petit tour au Val-de-Grâce

Abbaye fondée par Anne d'Autriche en 1621 pour remercier Dieu de la naissance de son fils, le futur Louis XIV, après 23 ans de mariage stériles, le Val-de-Grâce est par la suite devenu un hôpital militaire et une école de médecine militaire. Ce sont toutes ces facettes que l'on peut découvrir au fil de la visite. 









Les serres du Jardin du Luxembourg




Habituellement fermées au public, ce fut un bonheur de pouvoir les découvrir par une belle journée de septembre. Administrées par le Sénat, ces serres produisent non seulement les plantes d'ornementation du jardin et du Palais du Luxembourg mais contribuent a la conservation d'un patrimoine végétal vieux de 200 ans.




Giono et l'homme qui plantait des arbres

Un petit plaisir de vingt minutes, voila ce qu'est cet homme qui plantait des arbres. Que les mauvais esprits se rassurent, c'est bien du livre dont je parle. 

Fruit d'une commande du Reader's Digest en 1953 qui souhaitait l'inclure dans sa rubrique "Le personnage le plus extraordinaire que j'ai jamais rencontré", ce très court texte raconte la rencontre inattendue entre Giono et un berger au milieu d'un désert de rocaille des hauteurs de Provence. Ce berger, Elzéard Bouffier, retiré du monde consacre sa vie à planter des arbres dans un paysage désolé, fuit par les arbres et les habitants. Durant plus de trente ans, Bouffier va planter jour après jour, sans relâche, des milliers d'arbres, variant les essences en fonction du terrain, ne se décourageant jamais des pousses qui ne prennent pas, jusqu'à rendre à cet enfer de vent et de chaleur son eau et même ses habitants. Cet homme plante inlassablement ses arbres sans prêter aucune attention aux évènements qui secouent son pays, car les deux guerres que la France traverse ne l'atteindront jamais. Par son altruisme simple, Bouffier répand le bien autour de lui, redonne la vie alors que d'autres se sont efforcés de la détruire par les armes et la terreur.

Pour la petite histoire, le Reader's Digest, croyant à la réalité de l'existence d'Elzéard Bouffier traitera par la suite d'imposteur Giono pour avoir raconté la vie d'un personnage fictif. Giono en rira, trouvant désopilant que l'on reproche à un écrivain de faire preuve d'imagination. Anecdote mise a part, cette nouvelle est un concentré de poésie, une bouffée d'oxygène récemment photosynthétisé et un hymne aux arbres revivifiant en cette année internationale des forêts.

L'Homme qui plantait des arbres, Jean GIONO, Gallimard, Paris, 1983, 34 pages.
http://www.librairie-gallimard.com/9782070744619-l-homme-qui-plantait-des-arbres-jean-giono/



samedi 3 septembre 2011

Le Ravissement de Britney Spears : Baby, one more time!

C'est la rentrée, la plage est désertée, on remet des chaussures à lacets, les feuilles des arbres commencent à jaunir, les transports en commun se vident de leurs touristes pour laisser la place aux abonnés du train-train et les librairies connaissent leur saison de suractivité annuelle. Eh oui, qui dit rentrée, dit rentrée littéraire. C'est le moment d'abandonner temporairement les classiques et les valeurs sures pour céder (momentanément pour ma part) aux sirènes de l'actualité. Bien entendu, hors de question pour moi de m'aventurer à l'aveugle parmi les 654 romans sortis à cette occasion, j'attends sagement les premières appréciations des revues littéraires pour faire mon choix. Et parmi ces nombreux volumes, c'est sur "Le ravissement de Britney Spears" de Jean Rolin que j'ai jeté mon dévolu.

Le titre était pourtant peu accrocheur. En quoi un récit sur Britney Spears serait-il d'un quelconque intérêt ? Je ne m'y suis jamais intéressée, ne la connais que parce qu'on ne peut faire autrement et n'ai même pas un seul de ses titres dans mon iPod. Pourtant, le roman de Jean Rolin est un petit bijou, surprenant et décalé. Commençons par l'histoire. Un agent secret est envoyé à Los Angeles pour établir une surveillance de Britney Spears dans le but de prévenir tout risque d'enlèvement dont elle est menacée par un groupuscule islamique. Cet agent secret aux antipodes de James Bond, plutôt incompétent, va ainsi nous balader dans tout Los Angeles, à pied, en bus, en métro et à bord des voitures des paparazzis sur la trace de Britney Spears, Lindsay Lohan ou encore Kim Kadarshian (pour ceux qui ne sont pas surs de les connaitre toutes, faites comme moi, consultez mon ami wikipedia).

Histoire farfelue me direz-vous ? Eh bien oui, mais peu importe en réalité puisqu'il ne suffit que de quelques chapitres pour l'oublier tellement on s'en fiche et tant on est happé par la description que le narrateur fait de Los Angeles au cours de ses déambulations, car c'est elle, la cité des anges, le véritable personnage du roman. Le narrateur, dépourvu de véhicule, tributaire des transports en commun nous balade au dos de la carte postale et nous fait découvrir le Los Angeles du piéton. Dans cette ville tellement faite pour l'automobile qu'il cherchera sans jamais la trouver l'entrée piéton de l'hotel Chateau Marmont, le narrateur nous décrit Los Angeles sous une facette inhabituelle, loin du glamour et des paillettes. Ses pérégrinations l'emmène de terrains vagues en zones industrielles, à travers les parcs publics colonisés par les sans-logis. C'est en usager des transports qu'il remarque qu'au matin, les lignes de bus reliant Downtown aux banlieues résidentielles sont bondées de femmes hispaniques en direction de ces banlieues alors que les autoroutes en provenant sont embouteillées.

Tres subtilement et sans aucun mépris, il décrit de maniere désopilante le quotidien des starlettes qu'il suit avec la complicité des paparazzi. Lorsque Britney sort de sa villa hautement sécurisée, c'est pour aller au mall s'acheter une petite robe, que la presse people s'empressera de décrire dans les moindre détails, ou pour aller se faire elle-même un milkshake, le comble de la hypitude étant de se rendre dans une boutique de milkshake dans laquelle on peut le faire soi-même. Dans les pool parties de Los Angeles, on se met en maillot de bain, certes, mais on ne se baigne pas, ca pourrait ruiner un brushing. A ces observations, le narrateur parsème son récit d'anecdotes relevées dans le Los Angeles Times, plus insolites les unes que les autres, comme l'histoire de ce pédophile centenaire rattrappé par la justice par qu'il n'a pas respecté une obligation imposée par son programme de réinsertion.

Je n'avais personnellement jamais eu l'occasion de lire d'ouvrage de Jean Rolin, je le découvre avec celui-ci et c'est une excellente surprise, une petite pépite même. Tout ce que j'avais entendu de lui est que ce grand voyageur n'etait pas vraiment un familier de Los Angeles. Ce livre semble même constituer un véritable défi pour lui puisque non motorisé et complètement étranger au monde de Britney Spears. Défi relevé avec brio grâce justement à cette inadaptation à l'environnement qu'il décrit qui lui permet d'apporter un image complètement différente de Los Angeles de celle qui nous est généralement offerte, et cela avec une qualité d'écriture et un humour piquant.

Le Ravissement de Britney Spears, Jean ROLIN, P.O.L., Paris, 2011, 285 pages
http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-2-8180-0600-9