samedi 3 septembre 2011

Le Ravissement de Britney Spears : Baby, one more time!

C'est la rentrée, la plage est désertée, on remet des chaussures à lacets, les feuilles des arbres commencent à jaunir, les transports en commun se vident de leurs touristes pour laisser la place aux abonnés du train-train et les librairies connaissent leur saison de suractivité annuelle. Eh oui, qui dit rentrée, dit rentrée littéraire. C'est le moment d'abandonner temporairement les classiques et les valeurs sures pour céder (momentanément pour ma part) aux sirènes de l'actualité. Bien entendu, hors de question pour moi de m'aventurer à l'aveugle parmi les 654 romans sortis à cette occasion, j'attends sagement les premières appréciations des revues littéraires pour faire mon choix. Et parmi ces nombreux volumes, c'est sur "Le ravissement de Britney Spears" de Jean Rolin que j'ai jeté mon dévolu.

Le titre était pourtant peu accrocheur. En quoi un récit sur Britney Spears serait-il d'un quelconque intérêt ? Je ne m'y suis jamais intéressée, ne la connais que parce qu'on ne peut faire autrement et n'ai même pas un seul de ses titres dans mon iPod. Pourtant, le roman de Jean Rolin est un petit bijou, surprenant et décalé. Commençons par l'histoire. Un agent secret est envoyé à Los Angeles pour établir une surveillance de Britney Spears dans le but de prévenir tout risque d'enlèvement dont elle est menacée par un groupuscule islamique. Cet agent secret aux antipodes de James Bond, plutôt incompétent, va ainsi nous balader dans tout Los Angeles, à pied, en bus, en métro et à bord des voitures des paparazzis sur la trace de Britney Spears, Lindsay Lohan ou encore Kim Kadarshian (pour ceux qui ne sont pas surs de les connaitre toutes, faites comme moi, consultez mon ami wikipedia).

Histoire farfelue me direz-vous ? Eh bien oui, mais peu importe en réalité puisqu'il ne suffit que de quelques chapitres pour l'oublier tellement on s'en fiche et tant on est happé par la description que le narrateur fait de Los Angeles au cours de ses déambulations, car c'est elle, la cité des anges, le véritable personnage du roman. Le narrateur, dépourvu de véhicule, tributaire des transports en commun nous balade au dos de la carte postale et nous fait découvrir le Los Angeles du piéton. Dans cette ville tellement faite pour l'automobile qu'il cherchera sans jamais la trouver l'entrée piéton de l'hotel Chateau Marmont, le narrateur nous décrit Los Angeles sous une facette inhabituelle, loin du glamour et des paillettes. Ses pérégrinations l'emmène de terrains vagues en zones industrielles, à travers les parcs publics colonisés par les sans-logis. C'est en usager des transports qu'il remarque qu'au matin, les lignes de bus reliant Downtown aux banlieues résidentielles sont bondées de femmes hispaniques en direction de ces banlieues alors que les autoroutes en provenant sont embouteillées.

Tres subtilement et sans aucun mépris, il décrit de maniere désopilante le quotidien des starlettes qu'il suit avec la complicité des paparazzi. Lorsque Britney sort de sa villa hautement sécurisée, c'est pour aller au mall s'acheter une petite robe, que la presse people s'empressera de décrire dans les moindre détails, ou pour aller se faire elle-même un milkshake, le comble de la hypitude étant de se rendre dans une boutique de milkshake dans laquelle on peut le faire soi-même. Dans les pool parties de Los Angeles, on se met en maillot de bain, certes, mais on ne se baigne pas, ca pourrait ruiner un brushing. A ces observations, le narrateur parsème son récit d'anecdotes relevées dans le Los Angeles Times, plus insolites les unes que les autres, comme l'histoire de ce pédophile centenaire rattrappé par la justice par qu'il n'a pas respecté une obligation imposée par son programme de réinsertion.

Je n'avais personnellement jamais eu l'occasion de lire d'ouvrage de Jean Rolin, je le découvre avec celui-ci et c'est une excellente surprise, une petite pépite même. Tout ce que j'avais entendu de lui est que ce grand voyageur n'etait pas vraiment un familier de Los Angeles. Ce livre semble même constituer un véritable défi pour lui puisque non motorisé et complètement étranger au monde de Britney Spears. Défi relevé avec brio grâce justement à cette inadaptation à l'environnement qu'il décrit qui lui permet d'apporter un image complètement différente de Los Angeles de celle qui nous est généralement offerte, et cela avec une qualité d'écriture et un humour piquant.

Le Ravissement de Britney Spears, Jean ROLIN, P.O.L., Paris, 2011, 285 pages
http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=livre&ISBN=978-2-8180-0600-9

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