lundi 3 novembre 2014

William Forsythe et le Semperoper Ballett au Théâtre de la Ville

C'est l'automne, les journées raccourcissent, l'été tire sa révérence et les arbres s'habillent d'ocre... Voilà pour le cliché. L'automne, c'est aussi le Festival du même nom, le Festival d'Automne, pour ceux qui ne suivraient pas. Et dans le cadre du festival, un portrait est consacré à William Forsythe à travers pas moins de six spectacles. Le temps, l'argent et autres considérations totalement terre-à-terre ne permettront, ô tristesse, pas de pouvoir assister à ces six spectacles. Un, c'est quand même dejà pas mal, surtout vue la claque que je me suis prise. Il s'agissait du programme Steptext / Neue Suite / In the Middle, Somewhat Elevated par le Semperoper Ballett de Dresde.

Pour la petite anecdote, la première fois que j'ai vu une chorégraphie de William Forsythe, c'était en 1996, avec Firstext et Enemy in the Figure. En réalité, je n'avais vu que Firstext car j'était partie à l'entracte, étant restée hermétique à ce qui se passait sur scène... Presque vingt après, je ne comprends pas pourquoi et je m'en flagelle encore ! En effet, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, puisqu'un gros paquet de spectacles de Forsythe plus tard, son travail me subjugue à chaque fois.

Les chorégraphies sont intemporelles, elles renouvellent le langage de la danse pour en faire ressortir tout ce qu'il a de plus moderne. C'est du contemporain sur pointes. Le lien entre classique et contemporain est d'ailleurs pile-poil le sujet de la deuxième chorégraphie, Neue Suite, qui enchaîne huit duos, chacun constituant un chaînon dans l'évolution de la danse et de la musique. On commence avec du Haendel et des entrechats et on termine sur la musique Thom Willems avec des contorsions et des balancés secs et géométriques. Le résultat en est que l'on passe de la moue boudeuse des déjà-vus sur les parties classiques à la langue pendante d'admiration en  l'espace de huit tableaux.

Cette chorégraphie fait aussi la transition entre les trois qui sont présentées ce soir là. Steptext révèle la modernité de Bach avec un quatuor, trois hommes en noir et une femme en rouge, qui déstructure danse et la musique par la occasion en n'hésitant pas interrompre les suites de Bach par des silences soudains. Ca s'arrête, ça redémarre et ça crée un manque. Les gestes sont d'une précision chirurgicale, les mouvement fluides et contorsionnés à la fois.

La dernière chorégraphie, In the Middle, Somewhat Elevated montre du pur Forsythe. C'est magistral, à couper le souffle tellement c'est beau. La musique de Thom Willems, n'est, il faut l'avouer, pas ce que l'on trouve de plus harmonieux, pas franchement le genre à écouter dans son salon. Mais les mouvements de danse la rendent belle. Difficile d'imaginer d'autre support. Les neuf danseurs se croisent, interagissent, enchaînent les solos et les mouvements de groupes dans une chorégraphie coupée au scalpel. Une fin de programme toute en beauté, une démonstration de génie.

Ce programme n'aura été présenté que trois soirs et uniquement au Théâtre de la Ville, toutefois le Festival d'Automne programme cinq autres spectacles consacrés à Forsythe d'ici au mois de janvier 2015 : http://www.festival-automne.com/programme/portrait-william-forsythe.

Semperoper Ballett de Dresde
William Forsythe
du 28 au 30 octobre 2014

Steptext
Chorégraphie : William Forsythe
Musique : Johann Sebastian Bach
Pièce pour quatre danseurs
1985

Neue Suite
Chorégraphie : William Forsythe
Musique : Georg Friedrich Haendel, Luciano Berio, Gavin Bryars, Thom Willems, Johann Sébastian Bach
Pièce pour 18 danseurs
2012

In the Middle, Somewhat Elevated
Choregraphie : William Forsythe
Musique : Thom Willems
Pièce pour 9 danseurs
1987 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire