lundi 31 octobre 2011

Du vent dans les branches de sassafras, Obaldia joué au Ranelagh

Le théâtre du Ranelagh honore René de Obaldia, durant les mois de septembre à novembre, en lui consacrant un Festival au cours duquel six spectacles inspirés des œuvres de ce facétieux romancier, poète et auteur de théâtre sont présentés. Parmi ceux-ci, l'une de ses pièces phares, "Du vent dans les branches de sassafras",  parodie de western complètement foutraque aux dialogues délirants mise en scène par Thomas Le Douarec.

Dans le Kentucky des pionniers, John-Emery Rockfeller, colon aventurier, parti de rien et arrivé pas bien loin, survit avec sa femme Caroline et ses rejetons Tom et Pamela, dans une ferme isolée proche de Pancho City. Un soir, alors que le dîner familial vient de s'achever, lui et son ami et néanmoins parasite, le Dr Butler, demandent, pour s'amuser un peu, à Caroline de lire l'avenir dans sa boule de cristal. Celle-ci prédit alors une attaque imminente des indiens de la région, Commanches, Sioux, Apaches, Mohicans et tutti quanti, partis en croisade contre les visages blêmes sous le commandement du terrifiant Œil de Lynx. Après avoir appris d'une prostituée au grand cœur rescapée de Pancho City, la destruction de la ville et de tous les ranchs environnant, ils se retrouvent bientôt assiégés par les peaux-rouges assoiffés de sang.

Huis clos complètement déjanté, le ton est donné dès le lever de rideau alors que les trois coups ne sont pas donnés au brigadier mais au revolver ! D'un bout à l'autre de la pièce, les dialogues ciselés d'Obaldia sont parfaitement servis par une mise en scène bricolée en apparence mais parfaitement maîtrisée et par la justesse du jeu des comédiens. Patrick Préjean, qui reprend le rôle de John-Emery Rockfeller créé par Michel Simon et également tenu par Jean Gabin, est excellent. Le tout est impeccablement rythmé sans jamais s'essouffler. On applaudit non seulement la truculence du texte que le dynamisme des comédiens et les trouvailles de la mise en scène burlesque mais jamais kitsch. On ronronne de plaisir à l'écoute du texte de la pièce, avec les envolées d'intellectuelle de gauche d'avant l'heure d'une Pamela pourtant plus proche du prix Nibel que du Nobel (désolé,  c'est mauvais mais je n'ai pas pu résister...), le langage d'onomatopées des indiens Œil de Perdrix et Œil de Lynx ("Toi prolo ! Prolo ! Poussière ! Crottin ! Pouah !" ou "Oye Potlach ! Moi emporter fille vieux bouc dans mon wigwam") ou le sérieux complètement dérisoire du Shérif Carlos. Le tout est entrecoupé de chansonnettes et de pseudo-chorégraphies qui cadrent parfaitement avec l'esprit de la pièce. On a même droit à un striptease sulfureux lorsqu'il s'agit de détourner l'attention des indiens pour mieux les occire. 


Quelle bonne idée donc, de célébrer Obaldia. c'est parfaitement réussi. Sans moyens extraordinaires, Thomas Le Douarec parvient à un résultat plus qu'honorable. Un vrai petit bijou à la hauteur de son auteur pour une soirée des plus rafraichissantes en ce début d'automne et tout cela dans un lieu charmant qu'est le théâtre du Ranelagh. En plus, pour ma part, ca m'a permis d'apprendre ce qu'est un sassafras... On ne saurait que recommander l'ensemble du festival. A noter que René de Obaldia se produit lui-même sur scène le lundi a 19h00 pour des lectures de ses œuvres. 


"Du vent dans les branches de sassafras"
Texte de René de Obaldia
Mise en scène de Thomas Le Douarec assisté de Michèle Bourdet et Philippe Maymat
Musique de Mehdi Bourayou
Avec Patrick Préjean, Isabelle Tanakil, Michèle Bourdet, Marie Le Cam, Charles Clément, Philippe Maymat ou Thomas Le Douarec, Christian Mulot, Medhi Bourayou
Du 9 septembre au 19 novembre 2011

Théâtre du Ranelagh
5 rue des Vignes
75016 Paris

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