dimanche 9 octobre 2011

La clémence de Tito à l'Opéra National de Paris

L'Opéra National de Paris reprogramme cette saison la Clémence de Titus dans sa version de 1997, mis en scène par Willy Decker sous la direction musicale d'Adam Fischer. Cet opera seria, que Mozart composa en 18 jours en 1791 en réponse à une commande en l'honneur du couronnement de l'empereur Léopold II de Bavière, sacré roi de Bohême à Prague, n'est certes pas l'œuvre la plus remarquable du génial Mozart, mais elle est loin d'être dépourvue d'inspiration.

L'argument se passe à Rome, où l'empereur Titus, dont tous acclament la clémence et la tempérance, est l'objet d'un complot de la part de Vitellia, patricienne deux fois déçue par les choix de mariage de Titus. Elle parvient à armer le bras de Sesto, le confident de Titus transi d'amour pour elle, pour mettre à mort l'empereur et ainsi calmer sa jalousie. Après l'échec du complot, Titus pardonnera à tous d'avoir voulu mettre un terme à son règne et tous, amis, ennemis, peuple et Sénat, célèbreront ensemble la bonté de l'empereur.

Le spectacle offert à Garnier est très loin d'être déplaisant. L'œuvre tout d'abord est loin d'être cet opéra bâclé auquel on a tente de le réduire. Un Mozart de second rang demeure malgré tout inoubliable. La mise en scène est impeccable, toute en sobriété et cadre parfaitement avec le propos d'une œuvre qui se veut sérieuse, voire même pédagogique pour le souverain qui l'a commandée. Dominée par un imposant bloc de marbre qui découvre au fur et à mesure les traits du buste de Titus, le décor reflète la majesté de la personne de l'empereur, mais donne également l'impression d'une charge trop grande, trop lourde pour lui. Noyé sous les complots, il n'aspire qu'au bonheur de son peuple et son impuissance semble l'inciter à abandonner son rôle puisqu'il tente constamment de se séparer de sa couronne (couronne qui n'a cessé de me faire sourire tant elle ressemble à celle de Marchel 1er, roi des Marchiens... Mais c'est hors-sujet...).

Si belle que soit cette mise en scène, il lui a toutefois manque une petite chose non négligeable... de la voix. Et quoi de plus indispensable que la voix dans l'opéra. Titus est peu convaincant, le ténor Klaus Florian Vogt, dont la tessiture trop claire et son souffle trop court m'a dérangée, manque à donner de la grandeur au personnage. Des le premier recitativo, en effet, ca coince, Titus manque de charisme. En revanche, Hibla Gerzmava dans le rôle de Vitellia est enchanteresse, sa voix nous transmet toute la vilénie et tout le désespoir du personnage. Quant à Stéphanie d'Oustrac, ses élans mélodieux nous ferons pardonner le choix d'une mezzo pour le rôle de Sesto, rôle normalement alloue à une contralto.

En conclusion, une représentation tout à fait honorable et l'occasion surtout de (re)découvrir une œuvre méconnue du prodige de Salzbourg. 



La Clémence de Titus
Opera seria en deux actes
Musique de Wolfgang Amadeus Mozart
Livret de Pietro Metastasio adapté par Caterino Mazzola

Direction Musicale : Adam Fischer
Mise en scène : Willy Decker
Chef de chœur : Alessandro di Stefano

Tito : Klaus Florian Vogt
Vitellia : Hibla Gerzmava
Servilia : Amel Brahim-Djelloul
Sesto : Stéphanie d'Oustrac
Annio : Allyson McCarthy
Publio : Balint Szabo

Palais Garnier
Place de l'Opéra
75002 Paris
Du 10 septembre au 8 octobre 2011

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