mardi 20 mai 2014

Balanchine vs Millepied

Un programme alléchant pour cette soirée à l'Opéra Bastille, George Balanchine chorégraphiant la symphonie en ut majeur de Bizet et Benjamin Portman-Millepied Daphnis et Chloé de Ravel.

La première chose qui éblouit dans le Palais de Cristal de Balanchine, ce sont les sublimes costumes que Christian Lacroix a crée pour cette reprise. Des tutus en tulle, soie, sequins et perles. On commence par le rouge et suivent le bleu, le vert et le rose, une couleur par mouvement de la symphonie avant que tous ne se mélangent dans le tableau final. Parler de bouquet final relève même du cliché. Un seul de ces tutus m'aurait presque fait regretter d'avoir moi-même arrêté la danse à sept ans et demi. La somptuosité de la profusion de couleur ne rend pourtant pas le spectacle pompeux. Les mouvements sont légers et virevoltants. J'ai même l'intime conviction de la constante gravitationnelle de la scène de Bastille s'approche plus de celle de la Lune que de celle la Terre. La chorégraphie de George Balanchine n'a pas pris une ride. Il a mis le langage classique au service de la modernité avec une forme rigoureusement identique sur chacun des mouvements : huit danseuse en solitaire, deux couples secondaire et un couple principal. Et pas un grain de poussière sur la performance. Pas la plus petite sensation de temps passé ni le moindre parfum de fleur fanée. Le mariage Bizet / Balanchine roule comme au premier jour. J'ai été captivée, que dis-je, hypnotisée.


J'ai plus de réserves concernant le Daphnis et Chloé. Pour mémoire, ce ballet a été composé spécialement pour les ballets russes par Ravel, c'est donc à un gros morceau que s'attaque Millepied. C'est l'histoire de Daphnis (et pas Daphné, hein, il s'agit bien d'un garçon), berger amoureux de Chloé. Cette dernière est enlevée par de méchants pirates, tellement méchants qu'ils la forcent à danser pour eux. Heureusement, avant que son honneur de soit souillé par trop de danse, Chloé est sauvée par l'intervention du dieu Pan. Flûte s'exclament les pirates, qui ne peuvent lutter contre un Dieu. l'amour triomphe et Daphnis et Chloé sont réunis. Après le Palais de Cristal, ce ballet n'apparait pas inoubliable. Pourtant la qualité et le travail sont là. Mais c'est comme ça, il m'a manqué ce petit quelque chose qui m'a empêcher de penser à autre chose alors que le spectacle se déroulait. Bon, tout d'abord, en effet, la scénographie de Buren n'est pas du meilleur effet... La scène est au départ murée par une sorte de gros rideau rayé blanc qui laisse passer une lumière si éblouissante que les ligne se déplacent par illusion d'optique, et cela, pendant cinq bonnes minutes qui m'ont semblées une éternité. Pour ma part, je ne saisi pas le concept du décors qui est là pour vous faire fermer les yeux ou regarder ailleurs. J'espère qu'il n'y avait pas trop d'épileptiques dans la salle, si c'est le cas, la Sécu peut renvoyer les factures à l'Opéra de Paris. Pour le reste du décors, je dirais pudiquement qu'il faut aimer Buren. Le ballet en lui même était beau, mais convenu. L'histoire n'a pas grand intérêt : ils s'aiment, ils sont séparés, ils sont réunis, youpi. J'ai essayé d'en faire abstraction et de me concentrer sur la danse, mais je n'ai pu m'empêcher de penser à ma liste de courses et cela, c'est généralement mauvais signe... Quelque beaux moment toutefois, le tableau de danseurs masculins formant un cercle qu'un danseur enroule dans une série de sauts, tout en maîtrise et en puissance. Je n'ai pas passé pas un mauvais moment (enfin, une fois que le rideau de Buren a dégagé, j'entends), la musique est belle, la danse est belle, les costumes pas vilains, mais après Balanchine, ça fait vieillot et ça risque de ne pas s'arranger...


Le Palais de Cristal
Musique : Georges Bizet, Symphonie en ut majeur
Chorégraphie : George Balanchine
Costumes : Christian Lacroix

Daphnis et Chloé
Musique : Maurice Ravel
Chorégraphie : Benjamin Millepied
Scénographie : Daniel Buren

Opéra Bastille, du 10 mai au 8 juin 2014


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