Un programme alléchant pour cette
soirée à l'Opéra Bastille, George Balanchine chorégraphiant la symphonie
en ut majeur de Bizet et Benjamin Portman-Millepied Daphnis et Chloé de
Ravel.
La première chose qui éblouit dans le Palais de Cristal de
Balanchine, ce sont les sublimes costumes que Christian Lacroix a crée
pour cette reprise. Des tutus en tulle, soie, sequins et perles. On
commence par le rouge et suivent le bleu, le vert et le rose, une
couleur par mouvement de la symphonie avant que tous ne se mélangent
dans le tableau final. Parler de bouquet final relève même du cliché. Un
seul de ces tutus m'aurait presque fait regretter d'avoir moi-même
arrêté la danse à sept ans et demi. La somptuosité de la profusion de
couleur ne rend pourtant pas le spectacle pompeux. Les mouvements sont
légers et virevoltants. J'ai même l'intime conviction de la constante
gravitationnelle de la scène de Bastille s'approche plus de celle de la
Lune que de celle la Terre. La chorégraphie de George Balanchine n'a pas
pris une ride. Il a mis le langage classique au service de la modernité
avec une forme rigoureusement identique sur chacun des mouvements :
huit danseuse en solitaire, deux couples secondaire et un couple
principal. Et pas un grain de poussière sur la performance. Pas la plus
petite sensation de temps passé ni le moindre parfum de fleur fanée. Le
mariage Bizet / Balanchine roule comme au premier jour. J'ai été
captivée, que dis-je, hypnotisée.
J'ai plus de réserves concernant le Daphnis et Chloé. Pour
mémoire, ce ballet a été composé spécialement pour les ballets russes
par Ravel, c'est donc à un gros morceau que s'attaque Millepied. C'est
l'histoire de Daphnis (et pas Daphné, hein, il s'agit bien d'un garçon),
berger amoureux de Chloé. Cette dernière est enlevée par de méchants
pirates, tellement méchants qu'ils la forcent à danser pour eux.
Heureusement, avant que son honneur de soit souillé par trop de danse,
Chloé est sauvée par l'intervention du dieu Pan. Flûte s'exclament les
pirates, qui ne peuvent lutter contre un Dieu. l'amour triomphe et
Daphnis et Chloé sont réunis. Après le Palais de Cristal, ce ballet
n'apparait pas inoubliable. Pourtant la qualité et le travail sont là.
Mais c'est comme ça, il m'a manqué ce petit quelque chose qui m'a
empêcher de penser à autre chose alors que le spectacle se déroulait.
Bon, tout d'abord, en effet, la scénographie de Buren n'est pas du
meilleur effet... La scène est au départ murée par une sorte de gros
rideau rayé blanc qui laisse passer une lumière si éblouissante que les
ligne se déplacent par illusion d'optique, et cela, pendant cinq bonnes
minutes qui m'ont semblées une éternité. Pour ma part, je ne saisi pas
le concept du décors qui est là pour vous faire fermer les yeux ou
regarder ailleurs. J'espère qu'il n'y avait pas trop d'épileptiques dans
la salle, si c'est le cas, la Sécu peut renvoyer les factures à l'Opéra
de Paris. Pour le reste du décors, je dirais pudiquement qu'il faut
aimer Buren. Le ballet en lui même était beau, mais convenu. L'histoire
n'a pas grand intérêt : ils s'aiment, ils sont séparés, ils sont réunis,
youpi. J'ai essayé d'en faire abstraction et de me concentrer sur la
danse, mais je n'ai pu m'empêcher de penser à ma liste de courses et
cela, c'est généralement mauvais signe... Quelque beaux moment
toutefois, le tableau de danseurs masculins formant un cercle qu'un
danseur enroule dans une série de sauts, tout en maîtrise
et en puissance. Je n'ai pas passé pas un mauvais moment (enfin, une
fois que le rideau de Buren a dégagé, j'entends), la musique est belle,
la danse est belle, les costumes pas vilains, mais après Balanchine, ça
fait vieillot et ça risque de ne pas s'arranger...
Le Palais de Cristal
Musique : Georges Bizet, Symphonie en ut majeur
Chorégraphie : George Balanchine
Costumes : Christian Lacroix
Daphnis et Chloé
Musique : Maurice Ravel
Chorégraphie : Benjamin Millepied
Scénographie : Daniel Buren
Opéra Bastille, du 10 mai au 8 juin 2014
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire