mardi 2 août 2011

Rencontre avec Stanley Kubrick à la Cinémathèque Française


Depuis le 23 mars dernier, je ne cesse de m'en vouloir de n'être pas encore allé visiter l'exposition consacrée à Stanley Kubrick à la Cinémathèque Française. Cette fois-ci, c'est la bonne, nous sommes l'avant dernier jour de l'exposition, il est 11h00 du matin, j'ai mon ticket en main et j'en trépigne d'excitation. Il faut dire qu'il y a de quoi, la réputation de cette exposition qui tourne dans les plus grandes villes du monde depuis sa présentation à Francfort en 2004 n'est plus à faire. Avec l'aide de Christiane Kubrick, la veuve du maître, et son frère Jan Harlan, qui fut également producteur exécutif de certains de ses films, l'hommage qui lui est rendu est à la taille de son génie.

L'exposition rassemble effets personnels, documents et notes de production, lettres de fans ou de détracteurs, caméras, objets de tournage, photographies... Fascinante de bout en bout, elle retrace le parcours de Kubrick au fil des films, des courts métrages de ses débuts aux projets qui seront restés lettre morte. J'ai beau avoir vu tous ses films et même plusieurs fois pour certains, cette exposition fait redécouvrir chaque œuvre et donne une folle envie de faire une cure de Kubrick durant les prochaines semaines, au diable les prévisions ensoleillées de Météo France. Je redécouvre ainsi le sulfureux Lolita et le tollé qu'il a provoqué lors de sa sortie en salles, les lettres des producteurs annonçant les  décisions des censeurs portugais et irlandais sont là pour en témoigner.  J'ignorais également totalement les prouesses techniques qu'il a fallu mettre au point pour pouvoir nous livrer Barry Lyndon, mon petit chouchou parmi tous, et pour lequel Kubrick a utilisé du matériel inédit permettant de filmer des scènes uniquement à la bougie. L'inexistence de cette technologie  lui avait couté  son projet de retracer sur pellicule la vie de Napoléon Bonaparte.


J'ai également été très émue de voir présentés les objets de tournage qui sont aujourd'hui autant symboles de chacun de ses films. Cela tient presque de la relique, on peut ainsi voir le casque de Matthew Modine dans Full Metal Jacket, les costumes de singe et d'astronaute de 2001, la machine à écrire de Shining ou l'accoutrement d'Alex dans Orange mécanique. On apprend toute l'histoire de la "war room" de Dr Folamour et comment celle-ci a servi de théâtre à une immense scène de bataille de tartes à la crème dont le tournage aura duré trois jours, pour finalement être abandonnée, jugée comme réduisant trop le film à une simple farce.

Émouvant également, les projets avortés, Aryan Papers, qui n'a jamais vu le jour car le projet concurrent de Steven Spielberg, avec sa Liste de Schindler, serait sorti au même moment, et surtout le pharaonique Napoléon. Napoléon, pour lequel il a épluché la vie de l'empereur et consulté les plus grands experts, à tel point que même sans avoir vu le jour, ce projet est devenu culte.

Enfin un mot sur les documents exclusifs qui retracent les premiers pas artistiques de Stanley Kubrick, qui débuta sa carrière à 16 ans comme photographe pour le magazine américain Look dans les années 40. Des clichés inédits prêtés par la Library of Congress nous prouvent que Kubrick maîtrisait déjà très jeune un sens aigu de la composition visuelle.

Cette exposition est malheureusement terminée, toutefois, elle sera certainement remontée prochainement dans une grande ville étrangère. Pour se consoler, on peut toujours lire le livre Kubrick de Michel Ciment sur Stanley Kubrick, préfacé par Martin Scorcese, excusez du peu, et édité chez Calman-Levy, ou tout simplement voir et revoir l'intégralité de ses films, récemment réditée en coffret.

Stanley Kubrick a la Cinémathèque Française, du 23 mars au 31 juillet 2011.
Commissaires d'exposition : Christiane Kubrick, Jan Harlan et Hans-Peter Reichmann

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